Festival Mimi 2017
Nouveaux mondes
Moment suspendu dans l’été marseillais, le MIMI Festival ne déroge pas à sa règle et déroule cette année encore, depuis les Îles du Frioul, la Friche, l’U.Percut et le Pic-Télémaque, une programmation aérienne pour pousser les murs de la baraque.
Et voilà. C’était prévu. Une fois encore, le problème se pose au journaliste : comment parler décemment de la couleur générale du festival MIMI ? Comment dévoiler, au mieux, la philosophie qui se trame derrière le bébé de l’AMI, la structure organisatrice ? Oui, la belle affaire. Cela lorsqu’à côté, la saison estivale peut être synonyme de légèreté, de « lâcher prise » (c’est-à-dire ?), et d’on ne sait quel autre abandon à la culture de masse (supposée, à tort, dénuée de toute idéologie), MIMI s’attelle quant à lui à allier rendez-vous en plein air dans un cadre maritime somptueux (principalement) et pratiques artistiques… conscientes, dirons-nous. Pour faire court. Non sans une certaine dose de post-situationnisme, il s’agit ici d’allier une certaine philosophie propre aux mouvements artistiques contestataires qui, depuis les années 50/60, tentent par tous les moyens d’élargir leurs champs de création, sans se priver de jouer sur les questions que pose la contextualisation en matière musicale. Le tout en piochant dans les esthétiques populaires et emblématiques de chaque décennie, jusqu’à aujourd’hui. De quoi flouter les frontières entre pop culture et sphères dites « savantes ». À la sortie, on secoue tout ça et on regarde ce qui se dessine dans la mousse. Mais est-ce vraiment clair ? Si ce n’est pas le cas, risquons-nous à l’étiquetage : post-punk d’un côté, radicalisme nippon et rap indépendant de l’autre, non sans convoquer une verve propre aux grandes heures du free jazz ou à la folk et des incartades extra-européennes qui sembleraient avoir digéré toute la musique concrète. Ni plus ni moins. Ainsi, l’Egyptian Females Experimental Music Session témoigne de « l’expression libre et créative, emblématique du paysage sonore du Caire », lorsque Hyperculte cherche le point d’équilibre entre la pop et le krautrock. Ailleurs, la guitare acoustique d’Andy Cartwright nous rappelle Robbie Basho, et celle électrique du grand Fred Frith nous ramène en plein cœur des 70’s improvisées, tandis que les Marseillais de D’Aqui Dub n’ont pas fait le choix entre « chant lancinant occitan », « souffle des balkans » et « trépidendentes rythmiques post-punk ». Pas la peine de vous dérouler l’intégralité de la programmation : derrière le choix de chacun des groupes se trame un savoir-faire qui, depuis maintenant plus de trente ans, irrigue Marseille en idées neuves.
Jordan Saïsset
Edit | Communiqué de l’AMI
Des vents contraires ayant frappé l’archipel du Frioul, le festival est forcé de quitter l’hôpital Caroline et de se déporter vers de nouveaux horizons.
La Cité des arts de la rue lui offre un refuge insulaire en milieu urbain, les 25, 26 et 27 août, sur les dates initialement prévues au Frioul.
« Après seize années de symbiose quasi-parfaite entre le Festival MIMI, l’Hôpital Caroline, et les puffins cendrés (…), la DRAC et la Ville de Marseille réduisent chacune de 20 000 euros leur aide habituelle à l’association A.M.I., soit un petit moins quarante mille qui ne fait pas du tout rire notre commissaire aux comptes.
Déjà affecté par une baisse de 26 000 euros en 2016, l’insubmersible petit navire fait face à la lame de fond, mais réduit la voilure, met sous cape, et cherche un abri côtier plus favorable. Pas le choix…
La confrérie des explorateurs de rue et de haute mer, bien connue pour sa grande solidarité, sa grande réactivité, sa chaleur humaine, nous accueille à la Cité des Arts de la Rue, une sorte d’île urbaine, elle aussi habitée par d’audacieux navigateurs, avec qui nous sommes fiers de partager la même facilité à faire perdre la boussole… (…)
Certes, les palmes ne sont plus inscrites dans le dress-code (encore que… chacun s’habille comme il veut…) mais vous pouvez venir avec votre bouée si ça vous chante…
Mêmes dates, même programme, même décoiffage, presque le même panorama, dans un lieu lui aussi incroyable… (…) Gardez l’oeil sur le radar, Terre à l’horizon ! »
Ferdinand Richard
Festival Mimi : du 19 au 29/08 à Marseille.
Rens : www.amicentre.biz/la-prog-et-le-visuel.html
Le programme détaillé du festival MIMI ici