Festival Nouv.O.Monde 2018
Du beau monde
Mi mars, à Rousset et au Pays d’Aix, la nouvelle édition du festival Nouv.O.Monde déroule une programmation toujours ambitieuse et propre à mettre en valeur la fonction première du cinéma : ouvrir l’écran de la salle obscure sur les préoccupations du monde.
Développer aujourd’hui un festival de cinéma est bel et bien devenu un sport de combat : face aux baisses des subsides publics largement constatées, et la nécessité de développer une réelle pertinence des regards — sans omettre la difficulté croissante de mobiliser le plus large public possible —, il est nécessaire pour tout organisateur d’événements cinématographiques de (re)poser sans cesse la question du cinéma, de sa diffusion, de son écriture au regard d’un monde dont les enjeux politiques et sociaux se complexifient. C’est indéniablement le cas de Nou.O.Monde, Festival de Rousset et du Pays d’Aix, qui prouve derechef, pour cette nouvelle édition, toute la pertinence de son existence. Du 16 au 25 mars, l’équipe organisatrice nous livre une programmation passionnante, propre à mettre en lumière les préoccupations humaines qui secouent les nombreux pays du globe. Courts et longs métrages — accompagnés pour certains des cinéastes ou de divers invités — composent ainsi une proposition kaléidoscopique et cohérente. À commencer par la poignée de beaux films à découvrir sans réserve : deux opus du réalisateur Faouzi Bensaïdi (Mort à vendre et Volubilis), l’excellent Mobile Homes de Vladimir de Fontenay en avant-première, The Line du Slovaque Peter Bebjak ou l’étonnant Centaure de Aktan Arym Kubat, filmé au cœur du Kirghizistan. Soulignons également la séance, le mardi 20 mars, du film de Samuel Maoz, Foxtrot, présentée par Cédric Parizot, chercheur à l’Institut de Recherche et d’Étude sur le Monde Arabe et Musulman, et animée par Roxana Nadim. Le festival s’associe également à la Fête du Court-métrage, qui prend cette année une ampleur inattendue (voir article dans ce numéro), proposant de nombreuses séances consacrées au format court. Enfin, parmi les partenariats développés par l’équipe organisatrice, nous retrouvons au programme l’excellente structure Image de Ville, pour une carte blanche aux Journées Terrestres, et la projection d’Irrintzina, le cri de la génération climat de Sandra Blondel et Pascal Hennequin, ainsi que la séance Migration et absence avec le collectif Crisalide.
Emmanuel Vigne