Festival Oh les beaux jours !
Marseille se met à la page
L’association Des livres comme des idées est toute mobilisée pour mettre en œuvre son festival littéraire, des plus bienvenus dans le paysage marseillais : Oh les beaux jours !
Si Marseille se prend d’engouement pour la chose culturelle, les actions littéraires et les projets liés à la lecture restaient sous-développés, voire inexistants. À l’instar des autres grandes villes de France, Marseille va pouvoir désormais compter sur un nouveau festival littéraire et « asseoir son autorité » en la matière, au vu de l’ampleur du programme et de sa proposition de qualité. Le projet a démarré par la création de l’association Des livres comme des idées fin 2015, soutenue par la Ville de Marseille dans le cadre des Contrats Territoires Lectures censés particulièrement développer l’accès à la lecture pour tous, et notamment pour les publics éloignés du livre. Pour développer le festival (mais pas uniquement, puisque les Rencontres d’Averroès ont été confiées cette année à Des livres comme des idées), l’association s’est dotée de deux expertes, Nadia Champesme (Libraire Histoire de l’œil) et Fabienne Pavia (éditions du Bec en l’Air) qui, en plus d’une grande motivation, ont une expérience non négligeable. Leur compétences et complémentarité — rapport à la photo et autres disciplines mises en avant dans l’édition, participation aux correspondances à Manosque pour Fabienne Pavia ; animation et direction d’une librairie indépendante à Marseille depuis plus de dix ans avec une spécialisation pour le théâtre pour Nadia Champesme — permettent ainsi de développer le projet du festival en lien avec de nombreux partenaires et leur réseau. Le festival propose sur six jours une programmation variée où le public, amateur ou non, pourra rencontrer plus de cent artistes et auteurs pour rendre la littérature vivante et concrète dans des lieux bien connus (dont les infrastructures permettent de répondre aux besoins du festival) comme la Criée, la Friche ou le Merlan, mais aussi la Bibliothèque de l’Alcazar.
Les écoles, collèges, comités d’entreprise, et les librairies volontaires ont été associées en amont du projet pour développer des ateliers, écrire des histoires, repérer les envies et donner le goût de la lecture au plus grand nombre. Ces rencontres et les propositions qui en ont découlé seront retranscrites durant le festival sous différentes formes.
Partant du constat « que l’attrait pour les livres était limité dans cette ville à la sociologie particulière », comme l’explique Nadia Champesme, dont l’enthousiasme est communicatif, ce choix d’impliquer le public s’avérait donc très important. Il ne s’agissait d’ailleurs pas de plaquer des modèles de festivals qui se font ailleurs, mais de prendre en compte les particularités de Marseille pour développer le projet. C’est ainsi qu’est née l’idée d’associer le public et d’autres disciplines, de « mélanger les genres » et faire « des propositions inédites comme parler de football ou de rap, activités plutôt emblématiques de la ville au travers de rencontres, concerts, spectacles. » Elles ont donc pu convaincre des rappeurs de venir scander leurs textes ou chanter en rap sur de la musique ou des textes plus classiques comme dans le spectacle Proses (le 24 à La Friche) ou le Match des matchs, durant lequel des auteurs sont invités à commenter des matchs de foot tout en nuances, devant un public sensible au foot, mais pas forcément à la littérature, ou encore évoquer la littérature liée au rap et l’histoire du hip-hop américain autour de débats ou de conférences en alternance avec des concerts et des dj sets.
Aussi faut-il retenir dans cette programmation les lectures musicales de Brigitte Fontaine ou de Bertrand Belin, dans lesquelles la musique s’associe volontiers à la lecture (autour des grands entretiens de Russell Banks ou Maylis de Kerangal notamment), venant évoquer leur envies, leur parcours, leurs aspirations auprès d’un public que l’on suppose, quant à lui, déjà converti à la littérature.
D’autres prestations faites par des auteurs de BD ou graphistes associeront littérature et images, et le roman collectif publié sont les autres bonnes idées du festival dont le mot d’ordre reste d’établir « des passerelles entre les disciplines » pour rendre la littérature vivante grâce à « une programmation généreuse ».
Les livres et la lecture seront donc mis à l’honneur, mais pas seulement, lors de ce festival à la programmation éclectique et dynamique, conçu dans un esprit d’ouverture et de mixité.
Cécile Mathieu
Festival Oh les beaux jours ! : du 23 au 28/05 à Marseille.
Rens. : 04 84 89 02 00 / ohlesbeauxjours.fr
Le programme complet du Festival Oh les beaux jours ici