Festival P.H.O sur les îles du Frioul
L’île fantastique
En juin, le OFF se pose sur les îles du Frioul pour y installer le festival P.H.O, visant à réinventer la cité phocéenne. Explications.
« On est dans l’idée de fantasmer Marseille », précise Noémie Dié, coordinatrice d’un festival savamment nommé P.H.O. (lire « phocéen » et « phantasme »). Terrasse de Marseille, le Frioul s’est imposé par lui-même. De l’île, le paysage marseillais se dessine. « On y a une vue lacunaire, et c’est ce manque qui nous permet d’imaginer, de fantasmer l’autre partie de Marseille. »
Rien de tel pour commencer la journée que de prendre le large. Sur l’île, l’exposition Alternative ouvre les festivités, en mettant en lumière le travail de douze architectes qui retracent via des maquettes un nouveau réseau urbain d’équipements culturels pour Marseille.
Après un bon repas, une sieste s’impose. Des chaises longues attendent les visiteurs qui seront bercés par un texte de l’inénarrable Philippe Carrese, accompagné d’une création sonore de Drygasky, intitulée bien évidemment Siestes Sonores Meurtrières. En fin de journée, le chant des cigales laisse place à des lectures itinérantes franco-italiennes de La Divine Comédie et du Paradis de Dante.
Les insulaires apportent une touche à cette programmation officielle, en proposant également des activités. Ainsi, le temps d’une nuit, les visiteurs pourront devenir des « pirates oisifs », en dormant à la belle étoile, sur une vieille goélette.
Plus qu’une proposition artistique, P.H.O a une démarche politique. Les organisateurs du OFF ont eu à cœur de répondre aux besoins évoqués par la « Nouvelle République du Frioul » (NRF) et à ceux des artistes marseillais souhaitant exposer leurs travaux. « Ce festival est né de contraintes et de besoins. » La NRF, organisation non-formelle, « une bande de copains » (aux dires de Jean-José Ville, l’un de ses éminents membres), s’est associée dès le début au projet, y voyant un moyen de remédier au manque de propositions culturelles sur l’île (excepté le festival MIMI). P.H.O. redonne ainsi aux îles du Frioul une identité estivale. Et bien plus encore.
Gaëlle Goulois