Rainstorming de Lúa Ocaña

Festival Phot’Aix

Obscures clartés

 

La Fontaine Obscure met le cap sur la Catalogne pour la nouvelle édition du festival Phot’Aix. En parallèle de ces Regards Croisés entre Barcelone et la Provence, l’image s’invite aussi dans une trentaine de lieux plus ou moins conventionnels, pour un parcours d’exposition ludique.

 

 

Cinq talents catalans (Enric Montès, Lúa Ocaña, Maité Guerrero, Montse López, Salvi Danés) se partagent l’affiche du Musée des Tapisseries avec six photographes français (Perrine Lamy-Quique, Alexandra Serrano, Geraldine Villemain, Xavier Blondeau, Michel Amaral et Audrey Barthes). Le travail de chacun des artistes espagnols est couplé à celui d’un photographe français ; l’unité est recherchée dans le style, la forme ou la sensibilité qui se dégage de l’image. La dichotomie qui résulte de ces cinq binômes s’efface devant la communauté de sensations, de sujets…
Avec leurs couleurs neutres entre foule et technologie, les sujets tokyoïtes de Salvi Danés demeurent hyperconnectés mais seuls, symbolisant l’évolution d’une société vers le confort au détriment de l’épanouissement personnel… Un tableau sombre, comme les couleurs des photographies de Xavier Blondeau, dans lesquelles le paysage urbain est le seul sujet lumineux d’une nuit où la présence humaine se fait spectrale. Solitude ou multitude invisible ?
Utilisant le cyanotype pour mettre en exergue le côté suranné des images, Montse López développe dans ses travaux toute une réflexion poétique liée à l’enfance. Même sujet, mais avec le polaroïd, pour son binôme Géraldine Villemain, qui explore l’enfance à travers son imaginaire, ses illusions perdues et ses angoisses.
D’autres photographes nous poussent à nous interroger sur le sujet et le message. Qui est cette personne que l’on voit s’échapper dans les photographies de Perrine Lamy-Quique ? Pourquoi ces vielles choses cassées dans la pénombre ? Son alter ego catalan, Enric Montès, immortalise quant à lui les objets et les ombres dans la couleur, comme pour révéler l’âme des choses.
Les images intimes d’Alexandra Serrano évoquent des sujets liés à la mémoire et au passé, sobrement mais non sans émotion. Semblant d’une autre époque, les paysages désertiques en noir et blanc de Lúa Ocaña leur font face, comme pour agrandir la perspective.
Pour Maité Guerrero, l’eau fait office d’écran déformant, floutant par transparence un enfant. Le mystère demeure, tant on ne sait si c’est l’humain ou l’élément aquatique qui capte l’émotion. Portraits immergés pour Michel Amaral et Audrey Barthes, pour lesquels les modèles posent en apnée, impassibles, l’eau agissant comme un filtre, un masque sur leurs expressions.
Violence, émerveillement, rêverie ou sentiment de malaise : le croisement des regards ne laisse pas indifférent, autant dans son unité que dans ses contrastes. Un parcours d’exposition photographique est également à découvrir dans vingt-huit lieux, galeries, commerces… A souligner, le travail poétique et hors du temps de Tibo Streicher, oscillant entre photographie et peinture.

Thanh-Lan Nguyen

Festival Phot’Aix : jusqu’au 15/11 à Aix-en-Provence.
Rens : 04 42 27 82 41/ www.fontaine-obscure.com
Regards croisés Barcelone-Provence : jusqu’au 15/11 au Musée des Tapisseries (Place des Martyrs de la Résistance).
Rens. : 04 42 23 09 91

Toute la programmation Phot’Aix au jour par jour ici