Move to trash de Ghaleb Cabbabe

Festival Phot’Aix

Objectif : Liban

 

Pour la dix-neuvième édition du festival Phot’Aix, la Fontaine Obscure livre un passionnant focus sur le Liban à travers une grande exposition Regards Croisés à la Galerie Zola de la Cité du Livre, en parallèle de Parcours thématiques dans une vingtaine de lieux de la ville.

 

Onze photographes ont été réunis pour les Regards Croisés : l’invitée d’honneur Chaza Charafeddine et ses Maidames, ainsi que cinq photographes français en dialogue avec cinq de leurs pairs libanais — Clara Abi Nader & Arto Pazat, Ghaleb Cabbabe & Guillaume Amat, Joe Kesrouani & Jean Larive, Carmen Yahchouchi & Irène Jonas, Mazen Jannoun &Valérie Burnand Grimaldi.

Centrées autour de la guerre civile et d’autres thématiques qui touchent particulièrement le Liban (l’urbanisme, l’identité, l’immigration ou encore la mémoire), ces images prennent parfois, au contact des clichés des artistes français, une dimension tout autre.

Mention spéciale au dialogue des photographes Ghaleb Cabbabe et Guillaume Amat, qui jouent sur la multiplicité des points de vue et la question du cadre. En effet, dans la série Move to trash, Ghaleb Cabbabe confronte la réalité à l’image tronquée que l’on se fait du Liban, que ce soit en termes de paysage, de nourriture ou bien de vie nocturne. On retrouve dans ses photographies une main gantée tenant une image paradisiaque superposée à la réalité de ce qui se trouve derrière. L’artiste libanais nous donne ainsi à voir l’envers des décors de cartes postales et des clichés que l’on se fait du Liban en photographiant la réalité de la crise des ordures de 2015 et la destruction du paysage qui l’a suivie. Cette série résonne encore aujourd’hui par bien des aspects. Non seulement les montagnes de déchets s’accumulent toujours plus et saturent les décharges, mais peut-être faut-il y voir la pourriture qui détruit le pays, à savoir la corruption dénoncée par la population lors des manifestations en cours. Guillaume Amat questionne lui aussi l’acte photographique via le choix du cadre. L’artiste travaille sur la thématique des paysages français et nous donne à voir un champ visuel ouvert à l’aide d’un miroir disposé in situ. « Le miroir vient recomposer le paysage avec le hors-champ qui lui fait face, créant ainsi une double lecture », explique le photographe.

Finalement, bien plus qu’un festival, Phot’Aix est avant tout une histoire de rencontres. Rencontre entre avec les photographes réunis sur un même projet, rencontre entre le spectateur et l’autre, rencontre entre l’ici et l’ailleurs…

 

Fanny Bonfils

 

Festival Phot’Aix : jusqu’au 28/12 à Aix-en-Provence.

Rens. : www.fontaine-obscure.com