Le dos qui reste de Olivia Pierrugues

Festival La Photographie_Maison Blanche #4

Photos sensibles

 

Quatrième édition et quatre volets pour le festival La Photographie_Maison Blanche, qui débute intelligemment avec une sélection fine de ses lauréats. Coup d’œil.

 

C’est un festival qui tisse des liens… Avec les éditions précédentes, d’un volet d’exposition à un autre ou encore entre les travaux des photographes participants, lesquels ont pourtant des pratiques bien distinctes. Ce parti pris dénote une volonté de continuité et d’ouverture qui se retrouve également dans un autre aspect du festival : l’édition d’un recueil de photographies de la gagnante du Prix Maison Blanche, qui sera présenté lors de la dernière partie de l’événement.
La première exposition, constituée d’une vingtaine de tirages répartis sur deux salles, présente une étonnante unicité au regard de la diversité des approches photographiques réunies. Des liens sont tissés d’une image à une autre sans que l’on puisse pour autant dégager de problématique commune. Le portrait semble être le grand absent de l’ensemble : le visage y est peu représenté et quand il apparaît, c’est sous la forme d’un jeu de mémoire et de perception. Chez Pauline Hisback, qui travaille sur des images d’archives et sur leur interprétation, un visage impersonnel est montré. A ses côtés, les travaux de Laure Barbosa touchent également à la mémoire et au souvenir, mais d’une manière plus intimiste et plus abstraite : ses photographies sont comme autant de fragments d’une mémoire que l’artiste tâche imparfaitement de reconstituer. L’analogie la plus réussie semble être celle entre Olivia Pierruges et Léa Habourdin (cf. couverture de Ventilo #343) : toutes deux montrent des corps sans tête, parcellés et isolés de leur contexte. L’une comme l’autre, bien qu’ayant des approches différentes, n’hésitent pas à faire un rapprochement formel entre le corps animal et le corps humain, pointant des attitudes communes aux deux espèces. Le travail du cinquième lauréat, Vincent Ceraudo, semble s’écarter de l’ensemble, évoluant dans une esthétique plus proche de l’abstraction : les objets qu’il présente, saisis à l’état de veille, semblent décontextualisés. Cependant, son approche rejoint une réflexion sur la mémoire, et ses clichés renvoient à l’étonnante géométrique des corps sans visages qu’ils côtoient.
L’unique tirage de Stephen Shore, effacé et discret, fait le pont entre la banalité du quotidien et l’histoire de la photographie. Comme un léger avant-goût de la suite des réjouissances, avec notamment une rétrospective plus étoffée consacrée au photographe américain, qui devraient installer le festival comme un rendez-vous incontournable.

Estelle Wierzbicki

 

Festival La Photographie_Maison Blanche #4 : jusqu’au 7/02/2015 à Marseille (Maison Blanche, Espaceculture, La Traverse, La MAD).

Rens. contact@laphotographie-maisonblanche.org /www.laphotographie-maisonblanche.org  

La programmation détaillée du Festival La Photographie_Maison Blanche #4 ici