Le Cabaret des Oiseaux © Cie Le Vaisseau

Festival Place aux Compagnies

En bonnes compagnies

 

Huitième édition de Place aux Compagnies, le vaillant festival de théâtre contemporain d’Aubagne, qui propose neuf sorties de résidence pleines de promesses.

 

 

Place aux Compagnies est né en 2016 d’une réflexion collective initiée par Christophe Chave et les structures culturelles de la Ville d’Aubagne sur le fait qu’une ville de 45 000 habitants devrait pouvoir mettre en dynamique la création, la production et la diffusion du spectacle vivant, afin que les compagnies locales aient une meilleure visibilité.

Pour cela, il y avait ce lieu de résidence à Aubagne, la Distillerie, qui pouvait réellement devenir un outil de travail passionnant, prendre une nouvelle dimension et conforter sa mission de lieu de fabrique pour les artistes régionaux.

Huit ans plus tard, Place aux Compagnies, en se pérennisant, est devenu un rendez-vous annuel reconnu sur le territoire local et régional, un point de repère incontournable du théâtre contemporain.

Espace d’accompagnement, d’échange et de réflexion (intervention financière, accompagnement technique, logistique, administratif et de communication) Place aux Compagnies a pour vocation de permettre une première restitution publique d’un projet à des compagnies du spectacle vivant.

Les programmateurs de lieux culturels, les représentants des institutions et la presse y sont chaque année invités à leur donner un prolongement.

L’endroit est chaleureux, convivial, à taille humaine, géré avec professionnalisme et fraternité par Christophe Chave ; le public est présent, les représentations, toutes gratuites, sont généralement complètes ; les moments précieux et constructifs d’échanges avec les artistes s’y poursuivent parfois tard dans la nuit autour d’un verre.

Et pourtant… Il nous faut dire également de la Distillerie que c’est un lieu de résistance puisque, ces deux dernières années, la structure a subi une baisse de subvention des partenaires institutionnels cumulée de 18 000 euros. Ce qui met la Distillerie et la mission qu’elle porte avec passion en grand danger.

Malgré cela, la compagnie Le Vaisseau ouvrira le bal le 11 à la Distillerie avec Le Cabaret des oiseaux (mise en scène Clara Chrétien), un cache-cache macabre et clownesque sous influence Maeterlinck, comme une brèche entre deux mondes où, l’espace d’un instant, le vivant danse avec le mort.

Le mardi 14, toujours à la Distillerie, la compagnie DispensaBarzotti dévoilera La Fin du monde via une lecture de Rocco Manfredi, par laquelle ce jeune homme qui n’a jamais touché un agrès de cirque donnera vie à l’image impossible d’un vol d’homme-canon au ralenti, magie et art du geste.

Le samedi 18, ce sera au tour de la compagnie Chabraque : In Petto. Au secret des cœurs, mis en scène par Cécile Brochoire, livre une observation fine et sensible de l’origine, des sinuosités et des conséquences de ce sur quoi nous n’insistons pas, ces secrets, petits ou grands, qui parfois répliquent…

La compagnie La Briqueterie occupera le plateau le 25 avec État d’urgence (mise en scène de Jean-Jacques Rouvière) : dans un sanctuaire menaçé par la pression constante d’un risque de pénétration extérieure, une femme a raison et tous les autres ont tort.

On se déplace au Théâtre Comoedia le 30 pour la présentation de Life par la compagnie Iota, une performance d’Auranne Brunet-Manquat où danse, video, photographie et musique dialoguent pour nous surprendre, entre rêve du futur et songe du passé. Un solo aussi explosif que méditatif !

Retour à la Distillerie le 2 décembre, où la compagnie Totem/Collectif Kati Bur présentera André, play it like an old gentleman please, portrait d’un acteur mythique, André Wilms (vu, entre autres, au cinéma chez Kaurismaki), d’une époque utopique et joyeuse (celle de l’épopée du TNS), mais aussi réflexion sur le métier d’acteur et hommage à la transmission, à la générosité des maîtres de théâtre, par Olivier Maltinti, metteur en scène, acteur et musicien à qui l’on doit déjà de très beaux spectacles sur Duras, Pasolini, Rimbaud…

Le 9 décembre, Le Showroom Club débarque à la Distillerie avec ses figures ambiguës et leurs nouveaux jeux de rôles dans une mise en scène de Colline Trouvé pour ouvrir des espaces imaginaires et s’autoriser, collectivement, à apporter une réflexion intime et politique sur l’actualité de nos représentations genrées, par la compagnie L’Agonie du Palmier.

Le Collectif Cocotte Minute proposera une lecture théâtralisée du Journal d’Anne Frank le 15 à la Distillerie, conçue par Alexandre Lucchino et Cécile Quaranta, dans laquelle Magali Fremin du Sartel restaure avec intensité le sens véritable de ce journal. Elle est « l’objet d’un sentimentalisme bon marché aux dépens d’une immense catastrophe », disait Hanna Arendt d’Anne Frank.

Enfin, le samedi 16 verra la dernière sortie de résidence de Place aux Compagnies à la Distillerie dans l’humour et la fantaisie avec 2.0 : Comment internet m’a colonisé·e : « Nous, comédiennes de la Compagny Bretzel, n’échappons pas à cette mutation et avons ressenti le besoin de la transposer sur scène. Si nous sommes colonisées, alors jusqu’où le sommes-nous ? » L’événement sera cloturé avec, à 22h, un concert du groupe Tante Hortense, de la chanson française décalée et abusée dans sa volonté d’un but inavoué : faire danser !

 

Olivier Puech

 

Place aux Compagnies : jusqu’au 16/12 à Aubagne.

Rens. : ladistillerieaubagne.fr

Le programme complet de Place aux Compagnies ici