Évolution de Lucile Hadzihalilovic

Festival Recall

Trois heures moins le quart avant, Jésus crie !

 

Après le maître italien de l’horreur Dario Argento, le festival Recall nous fait la totale pour sa deuxième édition en explorant le « body horror » à travers une rétrospective Cronenberg. Ça va scier !

 

 

Vous êtes fan de Tim Burton et vous rêvez de vous trémousser sur Day-O de Harry Belafonte après avoir scandé : « Beetlejuice ! Beetlejuice ! Beetlejuice ! » ? À moins que, amateur de costplay et de de Clive Barker, vous ne préfériez vous grimer en mode SM sanguinolent à la faveur de la projection des deux premiers opus de la saga Hellraiser ? Alors le Festival Recall est LE rendez-vous à ne pas manquer.

Après une première édition dédiée au « giallo », ces films italiens mêlant polar, horreur et un soupçon d’érotisme, avec une rétrospective consacrée à Dario Argento, place cette année au « body horror », ces films qui triturent les corps et les âmes avec ce maître incontesté qu’est David Cronenberg. Au programme ? Videodrome, Scanners, La Mouche

Derrière cette sélection ? L’association La 3ème heure, un quatuor de cinéphiles amateurs de films fleuve — par leur longueur — et patrimoniaux (pas moins de dix ans). Après avoir fait leur gamme à la Salle Gueule et des chroniques sur Radio Bam, ils montent un ciné-club aux Variétés, projetant 2001, Odyssée de l’espace, Heat ou encore Il était une fois dans l’Ouest.

« On n’a pas tous les mêmes goûts mais le cinéma de genre, c’est ce qui nous rassemble. Or, alors qu’on est des habitués du festival de Gérardmer, il n’y a rien de tel ici, à Marseille », nous expliquent Agnès et Jonathan. D’où ce festival qui, pour sa deuxième édition, se déroulera début février aux Variétés et fera la part belle au cinéaste canadien et à ce sous-genre qu’est le « body horror », « des films qui, contrairement à ceux d’aujourd’hui, laissent encore de la place aux effets spéciaux traditionnels, au maquillage… »

Il faut dire aussi que, dans l’entourage de cette petite équipe très « DIY », on trouve aussi Guy Astic, enseignant en cinéma qui, avec les éditions Rouge Profond et la librairie spécialisée aixoise Lagon Noir, est une mine en la matière. Au-delà de Cronenberg, le festival met à l’honneur Julia Ducourneau, la réalisatrice de la Palme d’Or 2021 (Titane), en diffusant son premier film, Grave. Mais aussi Lucile Hadzihalilovic, collègue de Gaspar Noé et membre du Collectif 50/50 qui, avec Évolution, « apporte une touche poétique et sensorielle », dixit Agnès. Preuve que le cinéma hexagonal est loin d’être absent. Comme les questions qui agitent autant la société que le septième art.

Si, aujourd’hui, les films de plus de deux heures sont — presque — devenus la norme, pas question pour La 3ème heure de se laisser enfermer : « L’an prochain, on pourrait sortir des films d’horreur pour explorer d’autres genres, comme, par exemple, la comédie », nous annonce le duo. Raison de plus pour aller mettre le bronx aux Variétés, que ce soit déguisé pour Hellraiser ou en scandant, comme des sales gosses n’aimant rien tant que se faire peur pour de rire : « Beetlejuice, Beetlejuice, Beetlejuice ! »

 

Sébastien Boistel

 

Festival Recall : du 1er au 5/02 au Cinéma Les Variétés (37 rue Vincent Scotto, 1er).

Rens. : http://festival-recall.fr/

Le programme complet du Festival Recall ici