Festival Reflets au cinéma Variétés

Festival Reflets au cinéma Variétés

Elle et lui

Marseille accueille la huitième édition du Festival Reflets, portée à bout de bras par l’association MPPM et son infatigable directrice, Michelle Philibert. Cinq jours de festivités, de découvertes, de cinéma, de musique, de rencontres. Petit tour d’horizon.

cine-Reflet---Corazones-de-.jpgA Marseille, rares sont les festivals aussi empreints de la personnalité de celles ou ceux qui les portent. Reflets, manifestation incontournable quant aux thématiques cinématographiques lesbiennes, gays, bi et trans, a, à l’identique, le visage de son organisatrice Michèle Philibert : exigeant, généreux, érudit, mais pas moins fun. L’événement reste une invitation privilégiée, où se mêlent découvertes de cinématographies trop rarement diffusées, réflexion sur l’identité sexuelle, engagement quasi militant et plaisir des sens. Au cœur du festival, c’est bel et bien de cinéma dont il s’agit. Hormis le classique et sublime Fellini Satyricon, que viendra présenter Bernard Latarjet (ex-délégué général de la Cinémathèque Française), ce sont plus d’une dizaine de longs-métrages récents et de nombreux courts qui composent la sélection concoctée par la directrice du Festival. A commencer, pour l’ouverture, par ce Corazones de mujer, de Kiff Koosof, qui relie l’Italie au Maroc en abordant dans son voyage humaniste, entre autres, les épineuses questions d’homophobie, d’homoparentalité ou des conditions de la femme dans les pays du Maghreb. Un film très largement sélectionné dans de nombreux festivals de la planète. Autre curiosité au menu, Were the world mine, comédie musicale iconoclaste aux accents pop et aux influences diverses — sorte d’High School musical gay et lettré, selon la programmatrice. Le cinéma lesbien est bien évidemment lui aussi à l’honneur, avec, pour commencer, un Itty bitty titty commitee (mazette !) en forme de brûlot féministe, produit par la structure américaine Power Up, luttant pour une plus grande visibilité des lesbiennes au sein des médias. Autre opus exclusivement féminin, And then came Lola, très librement inspiré du Cours, Lola, cours de l’Allemand Tom Tykwer, mais proposé ici dans une version san-franciscaine, plus torride et légère. Le Festival a par ailleurs désiré rendre hommage à l’Allemand Magnus Hirschfeld, grand scientifique et sexologue qui, à cheval entre le XIXe et le XXe siècles, a consacré sa vie à faire avancer les consciences en matière de droits des homosexuels. Le film que la réalisatrice Rosa Von Praunheim lui a consacré, The Einstein of sex, fera pour l’occasion l’objet d’une discussion à la suite de la projection, en compagnie de nombreux invités. Au rayon courts et moyens métrages, signalons, entre autres, une spéciale « Du sport, des corps », approfondissant l’image de l’homosexualité dans le milieu du sport, ainsi que la carte blanche offerte, pour la soirée de clôture, au Festival Tous Courts d’Aix-en-Provence. Bénéficiant d’un beau réseau local tissé années après années, Michèle Philibert a par ailleurs ouvert une nouvelle fois les portes de sa manifestation à de nombreux invités musicaux, qui rempliront haut la main leur mission festive, part essentielle de cette huitième édition.

Texte : Emmanuel Vigne
Photo : Corazones de mujer de Kiff Koosof

Festival Reflets : jusqu’au 9/05 au cinéma Variétés (37 rue Vincent Scotto, 1er).
Rens. 04 91 64 75 87 / http://www.festival-reflets.org