Flaque de la compagnie Defracto © Pierre Morel

Festival Tendance Clown

Le clown du spectacle

 

Du rire dedans comme dehors, avec ou sans nez rouge, et toujours le plein de talents qui jalonnent la onzième édition du festival Tendance Clown, montée par l’équipe du Daki Ling. En piste !

 

Ayant su investir tous les chapiteaux de la société sous des formes différentes, la figure du clown est aujourd’hui omniprésente : longtemps digne et sérieux chez le clown blanc originel, grotesque pour l’auguste avec son nez rouge ou idiot quand il est contre-pitre, il a pu ensuite susciter la peur chez Stephen King (ça, dont une nouvelle adaptation cinématographique est en cours) ou la moquerie de certains politiciens. Bref, le clown rayonne aujourd’hui bien au-delà de son cadre circassien traditionnel. A cette onzième édition de Tendance Clown de nous le rappeler. Même si cette volonté ne date pas d’hier, comme le rappellent Christian et Julien, à la tête de l’association City Zen Café, qui porte l’événement, et de sa vitrine, le Daki Ling. Avant de devenir salle de résidence et de spectacle, le lieu, niché en plein Noailles, a connu plus d’une vie depuis le XIIIe siècle, tour à tour monastère, entrepôt, antenne de mairie, salle de jeu ou encore salle des ventes. Il n’est donc pas difficile d’imaginer que nombre de clowns d’un autre genre, politiciens, religieux ou affairistes, ont dû fréquenter les lieux…
En 2001, Christian décide d’aménager le Daki Ling pour en faire un lieu de diffusion culturelle pluridisciplinaire entre théâtre, danse, musique, expositions et projections. Il est rapidement rejoint par Julien, qui commence par porter des sacs de gravats pour inaugurer son stage de communication. La rencontre avec le Collectif International de Clowns de Marseille, en 2004, va marquer le virage clownesque du Daki Ling via une multiplication de représentations, de résidences et tests de spectacles non aboutis. Ce recentrage va d’ailleurs permettre de mieux capter l’attention du public et des partenaires institutionnels. Ainsi, la première édition de Tendance Clown allait naturellement voir le jour un an plus tard.
De l’eau a coulé sous les clowns, et l’un des témoignages de l’évolution du festival est le fait que seuls quatre des douze spectacles se déroulent cette année dans les murs, quand les autres investissent notamment quatre parcs publics, une place et une ancienne école (sept spectacles sont d’ailleurs gratuits). Outre cette nouvelle dimension, d’autres caractéristiques émergent : prédominance de compagnies sudistes, articulation résidence/représentations et, toujours, cette volonté de représenter « toutes les tendances du clown, du moment qu’il fasse rire ». De multiples facettes qui portent sur le genre (cabaret moderne avec Cirk Biz’Art, arts de rue avec François par Florian Méheux ou théâtre classique revisité avec Jacqueline et Marcel jouent le médecin volant de Molière par la compagnie L’Art Ose, par exemple), sur les (non) expressions verbales (muettes chez Les Tapas de Carnage Productions ou, au contraire, très bavardes dans Rira bien qui rira ! par l’Apprentie Compagnie), et sur les identités (seul pour jouer un personnage dans Titre définitif de la compagnie Raoul Lambert ou toute une famille avec La Famille vient en mangeant de la compagne Mmm…).
Sans en avoir l’air, tous ces spectacles ont un même visage qui revêt différentes formes : du burlesque à l’autodérision en passant par la transgression, le jeu d’oppositions intériorisé ou à plusieurs, et les clins d’œil aux origines primales du jeu de scène clownesque. Et même si un clown sommeille en chacun de nous, la représentation apporte une distanciation qui, paradoxalement, nous ramène à des considérations sociétales. Dans le cas présent, le plein air quotidien fait de débrouille et de pauvreté semble à l’honneur, qu’il s’agisse de voir des pneus s’agiter (Be Fioul de L’Agonie du Palmier), de discuter autour des poubelles (Va Benner de Maboul Distorsion) ou d’un mobilier de vide-greniers (Ma Vie de Grenier de Stéphane Filloque), de rencontrer un clown clochard (Urban et Orbitch de Boris Arquier), ou d’assister, impuissant, à une glissade sur peaux de bananes (Flaque de la compagnie Defracto).
En lice pour cette onzième édition, l’équipe du City Zen Café est pourtant déjà tournée vers de nouveaux projets, entre formalisation de rapprochements avec le Pôle Régional des Arts du Cirque et développement de l’offre de formations… Clown un jour, clown toujours.

Guillaume Arias

 

Festival Tendance Clown : du 5 au 16/05 à Marseille.
Rens. : 04 91 33 45 14 / www.dakiling.com

Le programme complet du festival Tendance Clown ici

 

Bonus

Une question que vous auriez aimé qu’on vous pose ?

Mieux, deux questions et les réponses en plus :

– Est-ce que tout ça nous fait encore marrer ?

Ben oui !

– C’est quoi le spectacle Flaque de la compagnie Defracto ?

De la jonglerie et pleins d’autres choses avec une intensité folle. Tout est dans le mou, dans la flaque.

 

Portrait chinois : si Tendance Clown était…

… un sandwich ?

Le plus complet possible avec une sauce piquante. Pourquoi pas un sandwich niçois entre le pan bagna et le kebab oriental mais en forme de triangle et avec du cheddar pour rappeler le hamburger.

… un membre du corps humain ?

Un cœur associé à des poumons et un cerveau pour contrôler. Note que dire un nez aurait bien sûr était très réducteur.

… une voiture ? Et cette fois, soyez un peu sérieux dans votre réponse !

Une majorette (voiture jouet miniature que seuls les quarantenaires connaissent bien) de Fiat 500 avec un moteur de Maserati qui serait aussi… un Transformer.