Festival Tendance Clown 2017
Traversée en dehors des clowns
Durant seize jours, dans les rues, dans les parcs, sur les parvis et dans les théâtres, le clown va investir la ville. Voici enfin la douzième édition de Tendance Clown, le festival organisé par le Daki Ling.
Petit rappel historique : le Daki Ling est installé rue d’Aubagne, dans le quartier de Noailles, depuis 2001. Au départ pluridisciplinaire, le lieu s’est spécialisé au fil des ans. Si aujourd’hui s’y déroulent encore des concerts ou bien les championnats d’impro organisés un lundi sur deux par le MITHE (Mouvement d’Improvisation Théâtral), son énergie vitale, c’est le clown. Un art à travers lequel l’esprit pluridisciplinaire du lieu est préservé. Car « clown » ne désigne pas ici cet homme « avec un gros nez rouge, deux traits sous les yeux, un chapeau qui bouge et un air malicieux », qui fait rire les enfants dans les cirques, et qui saute au plafond quand ça le gratte, mais bien plutôt, selon les mots de Christian Favre, directeur artistique et programmateur du festival, « une discipline qui s’est échappée de la piste. »
« Le clown a énormément évolué, il évolue encore et connait une avant-garde très active et inventive. C’est pourquoi nous ne pouvons décemment plus l’identifier à ce personnage avec un nez rouge et de grandes chaussures. Même si c’est parfois ça aussi, le clown, c’est aujourd’hui beaucoup plus. Lors de Tendance Clown, nous cherchons à aborder la discipline sous ses aspects les plus variés. Le mot d’ordre ici, c’est l’éclectisme, même si d’un spectacle à l’autre nous trouverons un certain nombre de dénominateurs communs. Parmi eux, le rire bien sûr, mais aussi la provocation, la transgression, le burlesque, l’autodérision, la complicité avec le public… »
Le festival jongle ainsi avec les différentes facettes du clown et fait le grand écart d’une forme à l’autre. Du cabaret de « cirque nouveau mais… à l’ancienne », du Cirk Biz’art aux Lectures [Z]électroniques du Détachement International du Muerto Coco. Ces derniers, qu’au premier abord nous ne qualifierions pas de clowns, partagent pourtant avec eux beaucoup de choses : le rire (« les Lectures [Z]électroniques sont très drôles »), la notion de duo ou bien encore le lien à l’enfance. Le festival fait aussi le grand écart du burlesque textuel de la compagnie Qualité Street aux spectacles très physiques et acrobatiques de la compagnie de l’Accoudoir ou bien de la compagnie Colokolo, avec son Derby de foot, sa bascule de saut et son « commentateur déjanté ». Et le festival fait le grand écart du show interdit aux moins de douze ans d’Ava, qui prend à contre-pied l’image de la clown avec son personnage par trop séducteur pour les plus jeunes, à des spectacles comme Germinal, une adaptation de l’œuvre de Zola par les Batteurs de Pavés dans lequel « les enfants vont jouer presque tous les rôles ».
Avec un maximum de gratuité (dix-huit spectacles gratuits sur vingt-trois) et de résonance, puisqu’il s’étend, avec la complicité des mairies de secteur, dans une bonne partie de Marseille (sept secteurs sur huit), la manifestation va à la rencontre du public. Tendance Clown cultive ainsi, tout comme la discipline qu’il défend, une proximité avec ce dernier, qu’il est parfois allé chercher très loin. Dans la région mais aussi en dehors, et jusqu’au Maroc avec Colokolo, en Suisse avec les Batteurs de Pavés, en Italie pour Teatro Necessario, ou encore au Canada avec la compagnie Mr Joe. Cette dernière avait participé au programme de résidence du Daki Ling, et fera l’ouverture du festival. Et pour cause, « le spectacle de Mr Joe est une pièce maîtresse du genre ».
Le 11 mai, le public est convié à l’apéro d’ouverture au Waaw, le partenaire historique de Tendance Clown. Il sera possible d’y retrouver des artistes, mais aussi les autres partenaires (la Ville de Marseille, Archaos, Karwan, le Réseau Rire, le Merlan, la Friche…).
D’autres temps forts et rendez-vous agrémenteront le festival. Ainsi, les 13 et 14 mai, pour le plus grand plaisir des enfants, dans le Parc de Maison Blanche et le Parc Bagatelle, la compagnie Cycloplume papillonnera d’un visage à l’autre avec du maquillage et des pinceaux. Rendez-vous est aussi donné le dimanche 21, place Halle Delacroix, pour un « moment particulier » qui sera co-animé par les associations du quartier de Noailles (Vélos en Ville, Dunes, LIP, Team Judo, Fotokino, Petits Débrouillards, ADELIES, Tribu Meinado) et où le public est convié dès midi pour partager un repas concocté par l’association Destination Famille et l’Addap13. Enfin, en guise de week-end de clôture, Tendance Clown se mêlera au Dimanche de la Canebière en investissant « la plus belle avenue du monde. »
Frédéric Vaysse
Festival Tendance Clown : du 12 au 28/05 à Marseille.
Rens. : 04 91 33 45 14 / www.dakiling.com
Apéro de lancement le 11/05 au Waaw (17 rue Pastoret, 6e)
Le programme complet du Festival Tendance Clown ici
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