Courts d’écran

L’un des rendez-vous majeurs, en France, consacrés exclusivement aux courts métrages propose une trente-sixième édition haute en couleur : le Festival Tous Courts investira les salles aixoises du 4 au 8 décembre, avec près de deux cents films courts triés sur le volet.

Longtemps parent pauvre de la diffusion cinématographique, il semble que l’horizon commence à s’éclaircir ces dernières années pour le court métrage : tous les festivals — tous thèmes confondus — lui laissent désormais la part belle au sein de leur programmation ; près de 2700 films sont diffusés chaque année en salle, soit dans un programme préalablement construit, soit en première partie de séance (notons l’important soutien des dispositifs tels L’Instant Très Court, ou le RADI et L’extra-court de l’Agence du Court-Métrage) ; les chaines télévisuelles développent quelque peu leurs efforts avec près de 2500 heures de diffusion annuelle de formats courts ; sans oublier internet, qui reste un formidable porte-voix pour la découverte de toutes les formes de création. Car, nous ne cessons de le répéter dans ces colonnes, le vivier cinématographique international que composent les œuvres de format court (tous les films d’une durée inférieure à soixante minutes) se révèle chaque année d’une richesse, d’une inventivité et d’une originalité sans pareilles, qui manque parfois cruellement aux longs-métrages. Il n’est pas hardi d’affirmer que s’y dessinent les nouvelles formes de créations propres à faire évoluer les langages mêmes du cinéma. Point d’orgue d’une reconnaissance méritée, les festivals exclusivement consacrés aux courts-métrages remportent un succès grandissant, à l’instar, bien évidemment, du plus important d’entre eux, l’incontournable Festival de Clermont-Ferrand. Mais il est loin d’être le seul, et un autre rendez-vous le talonne, avec une longévité presque équivalente : le Festival Tous Courts d’Aix-en-Provence, qui nous offre, pour sa trente-sixième édition, une programmation fournie, protéiforme, propre à embrasser toute la diversité de la production de films courts. Près de deux cents œuvres seront ainsi présentées au public, au sein de nombreuses séances thématiques, sur les écrans aixois. Lors, bien évidemment, de la soirée d’ouverture du 4 décembre au cinéma Cézanne, avec six films qui donneront le ton de cette nouvelle édition, d’Ex de Jacques Monory à De la joie dans ce combat de Jean-Gabriel Périot. Mais également les séances des magnifiques Six portraits XL d’Alain Cavalier, en sa présence, le programme concocté par le Sundance Film Festival Short Film, la désormais classique mais exaltante Compétition internationale de courts métrages expérimentaux (où l’on retrouve les films d’Olivier Smolders, Marc Johnson, ou Michael Fleming), la carte blanche au G.R.E.C (Groupe de Recherches et d’Essais Cinématographiques), l’un des acteurs hexagonaux de premier plan dans le soutien à la création cinématographique, ou la soirée Arte, partenaire du festival depuis plusieurs éditions. Sans oublier la carte blanche au festival Nuits Med, les films en région (de Dramonasc de Céline Gailleurd et Olivier Bohler à Memoria de Léo Ponge), la fameuse Nuit du Court, qui se révèlera cette année particulièrement spectrale, ou la leçon de cinéma de Tony Gatlif, parmi de nombreuses réjouissances. Si l’on ajoute le marché international, l’atelier Jeunes Auteurs ou les nombreux films des diverses compétitions (l’excellent La Nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel, Le Roi des démons du vent de l’actrice Clémence Poésy, Mon amour, mon ami d’Adriano Valerio ou Désir d’autoroute de Barbara Panero), l’équipe du Festival Tous Courts parvient une nouvelle fois à renouveler la formidable dynamique dont elle fait preuve depuis trente-six ans.

Emmanuel Vigne

Festival Tous Courts : du 4 au 8/12 à Aix-en-Provence.

Rens. : 04 42 27 08 64 / www.festivaltouscourts.com

Le programme complet du Festival Tous Courts ici