Focus 159 – Chloé & Ivan Smagghe
Deux créatures, en noir et blanc. Le noir, elles le portent à ravir, cela se sait, cela s’entend. Mais rien n’est tout à fait noir : c’est, dit-on, de l’ombre que jaillit la lumière. Et dans le cas présent, de l’underground qu’à jaillit… (lire la suite)
Deux créatures, en noir et blanc. Le noir, elles le portent à ravir, cela se sait, cela s’entend. Mais rien n’est tout à fait noir : c’est, dit-on, de l’ombre que jaillit la lumière. Et dans le cas présent, de l’underground qu’à jaillit le Christ et, en un sens, l’immaculée connexion. Sur la gauche, elle est sereine, droite, superbe. Virile. A sa droite, il s’est trouvé, sensible et raffiné. Fragile. Une fille dans un monde de mecs. Un mec dans un club de lesbiennes. Tout cela n’a aucune importance. Ce qui compte, c’est qu’ils le fassent ensemble, avec panache, les yeux rivés vers le même objectif, devant, droit devant. Proche de Jennifer Cardini, Chloé a été l’une des premières à s’imposer aux platines dans les soirées courues du tout Paris, où elle s’est à son tour érigé en disciple avertie de l’école minimale allemande. Passée depuis à la production, elle y a développé une facette à la fois plus pop et expérimentale (son album sortira l’an prochain) qui en fait l’une, sinon la fille à suivre sur le créneau post-Kittin. Journaliste radio émérite, bientôt happé par sa soif de découverte, Ivan Smagghe est devenu le dj que le monde nous envie, un feu follet hautement combustible (…) dont la technique sert à merveille la connaissance encyclopédique de tout ce qui, sur la scène club, est à la pointe. Non content de porter sur ses frêles épaules tout le poids de ce que ça engendre, il a défini un son, déviant, électrique, ombrageux et addictif, que l’on retrouve tant dans ses mixes que les grenades qu’il dégoupille avec Arnaud Rebotini (là aussi, l’album de Black Strobe, sans cesse repoussé, est annoncé pour 2007). Depuis cinq ans, les soirées Kill the Dj – au Pulp – cimentent l’union de ces deux âmes, qui sortent enfin une compilation témoin sur le label du même nom[1]. Et pas l’une des moindres, puisque celle-ci, a contrario du mix attendu, se focalise sur les ambiances plus que sur le dancefloor, tout en dessinant les contours d’une musique à leur image, distante, évolutive, anticonformiste. Celle des deux visages les plus glam d’une famille recomposée, sujets à la confusion des temps modernes, promis à la starification, posant dans des chemises blanches et le crin lâché pour l’éternité. La classe intersidérale.
PLX
Le 13 au Cabaret Aléatoire en ouverture du 4e festival Territoires Electroniques
www.killthedj.com
Notes
[1] The dysfunctional family (Kill the Dj/Discograph) : sortie le 29 mai