Glissée, sautée, battue ou coulante, noble ou galante, en cortège, en rond, en couple — et pourquoi pas tout seul dans le tournoiement rapsodique du sacré —, la danse n’en finit pas de mettre ses pas dans ceux de la musique. A moins que ce ne soit à cette dernière de plier sa métrique à la gravité qui ramène les danseurs, un instant affranchis, sur le plancher ici-bas.
Mais il arrive, plus souvent qu’à son tour, à la musique de faire cavalier seul. Et voici qu’à ce menuet, lointain cousin des ballets de cour, orphelin de Madame de Clèves et de Monsieur de Nemours, il échoit de n’être plus que le troisième mouvement de la sonate classique. Où sont les deux corps aimantés qui matérialisaient l’attraction sensuelle de ce tango ? Volatilisé avec les flonflons de la mazurka, l’ingénu qui piétinait les orteils de son amoureuse…
Même si les danseurs ont disparu, la musique de tant de compositeurs à travers les siècles et les genres conserve leur appui, la cadence de leurs pieds, leur souffle et le battement de leurs artères.
C’est l’ambition de René Martin que de vous le faire ressentir en douze concerts de quarante-cinq minutes, gratuits ou peu onéreux, deux jours durant, dans un programme où les rythmes et les caractères des danses choisies réquisitionnent le corps du musicien. L’intensité du geste musical révèle alors la dimension chorégraphique de l’interprétation.
RY