L’étrange créature du lac Léman

Mêlant marionnettes et théâtre musical, Paul Desveaux adapte librement le Frankenstein de Fabrice Melquiot et livre un beau conte en hommage à l’œuvre de Shelley.

Créé en septembre 2012 à Genève, ce Frankenstein prend sa source, comme l’original, en 1816, dans les eaux sombres du lac Léman, où Mary Shelley vient en personne nous conter l’histoire de sa créature. En donnant vie à un être surhumain mais hideux d’apparence, Victor Frankenstein, horrifié, fuit mais ne s’imagine pas les conséquences de son acte pour lui et ses proches. La monstruosité de sa créature lui vaut d’être mise au ban de la société, livrée à elle-même. La créature prenant vie sur scène est une grande marionnette de plus de deux mètres animée par trois comédiens qui lui prêtent également leurs voix. Elle nous permet d’entrer, avec distance, dans la tragédie qui se joue, les chansons des parties « cabaret » dédramatisant considérablement l’ensemble. Car la vengeance du « fils », jusqu’à l’ultime face-à-face avec son « père », se révèle sans pitié, dans une course-poursuite mêlant mystère, voyage et peur. Frankenstein, dépassé par les événements, doit faire face à la monstruosité, la différence et également à sa propre conscience. L’histoire est portée par Marie Druc qui alterne les rôles avec énergie et enthousiasme, tandis que le texte de Fabrice Melquiot reste très fidèle à l’œuvre de Shelley. Le décor et la mise en scène inventive de Paul Desveaux servent au mieux l’ambiance de ce beau conte théâtral.

Thomas Delahay

Frankenstein était présenté du 20 au 22/11 au Théâtre de La Criée