Frontières & imaginaires migratoires
Lignes de fuite
Le collège post-doctoral de LabexMed propose une journée spéciale, au cinéma Le Miroir de la Vieille Charité, construite autour des drames vécus chaque jour par les migrants, qui doit soulever chez chaque citoyen le plus élémentaire sentiment de solidarité.
Dans une récente étude sur la (les) frontière(s) de l’image en mouvement, cette interrogation était mise en exergue : Le cinéma, qui a pu être considéré comme un art de l’universel, transcende-t-il les frontières nationales à la fois par son ingéniosité créative, mais également dans sa représentation des frontières symboliques, mentales, de genre ? Nous pourrions développer à l’envi cette notion même du cinéma, qui sous-entend celles du champ et du hors-champ, mais la réponse, affirmative, s’impose. Sa représentation récente, toute en résonnance avec les mouvements d’un monde en mutation, interroge directement la question des migrations, et donne sens à l’une des fonctions mêmes du cinéma : rendre compte de la vie des peuples qui composent cette terre, des drames, des injustices, des espoirs, des forces en jeu. Il n’y a qu’à citer les formidables et récents Paese di Calabria de Shu Aiello et Catherine Catella ou Fuocoammare, par-delà Lampedusa de Gianfranco Rosi pour prendre la dimension universelle et humaniste dont le cinéma se fait l’écho sur nos écrans. Le collège post-doctoral de LabexMed s’inscrit dans cette dynamique, en proposant une journée de projections et de rencontres absolument nécessaires : deux films sont mis à l’honneur, l’opus d’Ahmed Jelassi, primé aux Douz Doc Days, Émirs au pays des merveilles, et l’excellent Les Migrants ne savent pas nager de Jean-Paul Mari et Franck Dhelens, qui revient sur l’incroyable travail des équipes de l’Aquarius, navire affrété par l’organisation SOS Méditerranée, qui la sillonne avec détermination, sauvant quotidiennement la vie de centaines de migrants perdus en mer. Et dont le travail humanitaire a failli être sabordé par les milices fascistes du C-Star. Autour de la projection de ces deux films, la lecture du livre Frères migrants de Patrick Chamoiseau par la compagnie Loufried d’une part, et les échanges avec Jean-Yves Abecassis, Ahmed Jlassi, Patrick Chamoiseau et Laurence Pillant d’autre part permettront de mettre ces œuvres en perspectives de l’histoire, celle d’un drame humain qui se joue à chaque instant aux frontières de l’Europe.
Emmanuel Vigne
Frontières & imaginaires migratoires : le 21/03 au cinéma Le Miroir (2 rue de la Charité, 2e).
Rens. : labexmed.hypotheses.org