Señor Boli - Again Again
Señor Boli - Again Again

Galette | Señor Boli – Again Again

Loué soit le Señor

 

Nouvel album pour le petit prince de l’électro-pop marseillais Señor Boli qui signe, avec Again Again, son retour au premier plan et annonce une tournée internationale retentissante.

 

Après dix ans d’une belle promesse musicale, c’est grâce à Hopefully it works someday (2013) que Señor Boli a rencontré le succès, son premier disque pour le label Papaya (ses douze albums précédents n’avaient pas tous bénéficié d’une distribution physique). Un bijou de pop éthérée et lumineuse portée par la voix radieuse de la Californienne Natasha Pikmin. Composé en partie lors d’un spring break à Cancun, au cours duquel le Señor fit la connaissance de celle qui devint rapidement sa muse, il respirait le sable fin et le stupre, la sensualité dégoulinant de ses mélodies lancinantes, pour ne pas dire lascives, autant taillées pour le dancefloor que pour le bedroom.

 

Nous l’avions quitté il y a trois ans (Natasha aussi, mais différemment), à l’heure de la consécration grâce à I finally made it, toujours en duo avec son ex-muse. Un succès autant critique que public qui lui a ouvert les portes des aéroports et des gares routières, le monde entier s’arrachant l’artiste phocéen alors le plus en vogue de l’hexagone. Un album qui doit en partie sa brillance à la production de son acolyte Samuel Venner, génie de la table de mixage que tout le monde s’arrache, bien connu pour son travail sous le pseudo Mexico 86 et surtout pour son projet à succès Samira (avec ses copains Michel et Rahan, dont le nom est tiré de leurs initiales). Sans oublier la parenthèse enchantée de leur super groupe ayant particulièrement fait parler de lui, Desperate Housewives, que formaient à trois Samuel, le Señor et leur ami musicien Hey ! Tundra Lion.

 

Le sens inné du son cristallin de Venner (dont la magie pourrait opérer sur le prochain album des stars mondiales Draft Dunk) a sublimé la musique de Señor Boli. Si cette nouvelle évidence mélodique et rythmique nous pousse à nous déhancher, elle n’a rien fait perdre en mélancolie à ces histoires douces-amères qui traitent de rencontre, d’amour naissant, de doute, de panne, de jalousie et de séparation. Quand le fond rencontre la forme et son public !

 

C’est en ce début 2020 que Mathias Hassan (de son état civil) nous revient avec Again Again. Une production qui sonne comme une confirmation du talent de l’artiste marseillais, fan de cinéma (tout particulièrement les comédies populaires de Fabien Onteniente) et de football (supporter depuis toujours de l’AJ Auxerre, il doit son nom de scène au joueur Basile Boli qui le faisait rêver enfant, lorsqu’il évoluait dans ce club). De l’eau a coulé sous les ponts en trente-six mois et, riche de nouvelles muses multiples, ce ne sont pas moins de cinq interprètes différentes qui usent de leur organe sur ces nouveaux morceaux, signe de la belle vigueur (créatrice) de leur compositeur.

 

Cet opus a gagné en richesse, multipliant les genres comme jamais auparavant dans la carrière du Señor, dans un esprit d’ouverture évident. Ainsi, on y croise pêle-mêle une ballade au saxophone (Too in your room), une chanson en langue japonaise (Shokushu love), trois en français (Glaces teintées, Les femmes seules et Sens interdits) ou bien un instrumental (Teatime) beau comme une rencontre entre Damon Albarn et Caribou. Le thème principal reste la vie, de ses espoirs déçus aux plaisirs du quotidien, toutes ces choses qui nous rendent tout chose, abordées avec la finesse qu’on lui connaît : My beauty, New story, Awake, Lonely bone, Would you ? ou encore Wrong feelings, pour ne citer que les plus marquants de tous ces titres qui devraient, une fois encore, accompagner nos jours… et nos nuits.

 

Stéphane Barcelona

Dans les bacs : Señor Boli – Again Again (Pataya)

Pour en (sa)voir plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/Basile_Boli