Génération Tahrir aux Grandes Tables de la Friche La Belle de Mai
Le Caire qui bat
En revenant sur les événements qui ont secoué la Place Tahrir, les photographies de Pauline Beugnies témoignent de toutes les nuances d’un quotidien révolutionnaire.
Il y a cinq ans, presque jour pour jour, la Place Tahrir est devenue le symbole du Printemps arabe lorsque des milliers de jeunes Egyptiens s’y sont rassemblés pour protester ardemment contre le gouvernement alors en place depuis une trentaine d’années. Cette révolution, qui a fait écho à celle de Jasmin débutée quelques mois auparavant en Tunisie, portait la colère d’une jeune génération qui revendiquait là ses droits en rêvant à une démocratie. Après une lutte acharnée, cette population lassée d’un système nocif et corrompu est parvenue à faire tomber le régime d’Hosni Moubarak. Si, aujourd’hui, l’Etat militaire a refait surface, la révolution est toujours en marche grâce à quelques jeunes irréductibles optimistes.
Pauline Beugnies en fait partie. Jeune photographe belge, elle était aux premières loges en 2011 lorsque les premiers slogans se sont fait entendre. Elle s’est immiscée dans l’intimité de cette jeunesse égyptienne armée de son appareil photo, afin de capter ces instants puissants à la manière d’un photoreportage. L’exposition Génération Tahrir, qui clôture l’édition 2015-2016 des Rencontres à l’Echelle, se pose ainsi avant tout comme un témoignage. Installées sous les arcades de la Friche, les photos retracent ce tournant de l’histoire avec beaucoup de force, de sensibilité et de pédagogie. La jeune femme a su révéler la beauté dans l’histoire douloureuse, en exposant le quotidien de ces héros, entre rires et larmes. Pour ne pas oublier d’abord, pour éveiller les consciences aussi.
Durant son voyage photographique, elle s’est liée avec des jeunes Cairotes qui partagent avec elle cette soif de changer le cours des choses. Soutenue par l’éditeur marseillais Le Bec en L’air, Pauline Beugnies a mis en livre ses photographies aux côtés des croquis de Ammar Abo bakr (désormais célèbre graffeur militant) et des textes du journaliste Ahmed Nagy. Un récit imagé pour une exposition à voir et à lire, dans des Rencontres à l’Echelle qui pourraient elles-mêmes se définir par un seul mot : « Puissant ».
Astrid Börner
Génération Tahrir : jusqu’au 14/02 aux Grandes Tables de la Friche La Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e), dans le cadre des Rencontres à l’Echelle.
Rens. : 04 95 04 95 04 / www.lesrencontresalechelle.com
Pour en (sa)voir plus : www.paulinebeugnies.com