Gens de Concord d’Henry D. Thoreau

Gens de Concord d’Henry D. Thoreau

Nature forte

 

Paru aux éditions marseillaises Le Mot et le Reste, Gens de Concord d’Henry David Thoreau navigue légèrement entre étude de mœurs et philosophie écologique, livrant un véritable plaidoyer pour la nature qui résonne bien aujourd’hui.

 

 

Gens de Concord est une sélection de paragraphes du journal d’Henry D. Thoreau réalisée par Michel Granger, un ouvrage qui consigne les notes et les pensées de l’auteur de 1837 à 1861. Autant dire une véritable mosaïque d’idées, que l’on découvre paragraphes par paragraphes, à chacun son rythme.

Le livre nous propose un passage plaisant à Concord, petite ville du Massachusetts non loin du lac de Walden (qui a donné son nom à la plus célèbre des œuvres de Thoreau), que l’on appréhende comme une balade, alternant entre rythme soutenu et moments souples et lents, presque évasifs.

L’ouvrage lui-même oscille entre pensées sur les mœurs du village et passages plus contemplatifs sur la nature environnante : le lac des balades occasionnelles ou de la pêche, la rivière des rats musqués, et le bois, grand contributeur à la vie des lieux.

Cette mosaïque de paragraphes dessine un auteur chaque fois plus complexe, à la fois très humain et clairvoyant, soucieux de (se) représenter la réalité et du recul que cela nécessite. La critique de la société s’avère juste et pointe sans ambages ce qui est digne de mépris, ou au moins d’ironie, pour l’auteur. Mais Thoreau sait aussi rendre justice à ses concitoyens en les décrivant avec beaucoup de poésie, de cet homme aussi volatil qu’une brume matinale à ses compagnons du quotidien dont il souligne la force, en passant par cette femme résiliente à laquelle il rend un hommage sensible.

De la nature, il dessine un portrait kaléidoscopique et très moderne : à la fois sujet et condition d’une vie saine à Concord, elle offre des scènes de vie à ravir aux observateurs. C’est une nature-sujet, qui bondit entre les bois à l’image des rats musqués entre les plantes, qui sait se cacher et se métamorphoser, voire agir avec tendresse.

Chaque paragraphe est une surprise, offrant un regard neuf, et, très vite, Concord ne semble plus si loin. Les mœurs des lieux, le lien entre les habitants et les animaux, la narration de ses paysages… même les histoires du village finissent par nous concerner.

Finalement, Gens de Concord propose autant de paysages et de portraits qu’une méthodologie à l’introspection par une réécriture du regard, qui part des quotidiens pour en déceler les changements subtils et les découvertes d’un monde végétal d’une richesse insoupçonnée qui sait transformer la poussière en or.

Un livre à lire pour se reposer ou réfléchir, une balade philosophique.

 

Mohamed Boussena

 

Dans les bacs : Gens de Concord d’Henry D. Thoreau (éd. Le Mot et le Reste).

Rens. : lemotetlereste.com