Georges Henri Rivière – Voir, c’est comprendre au Mucem
Tour de manège et magie des vitrines
Figure majeure de l’histoire des musées en France et à l’international, Georges Henri Rivière, que l’on surnomme « Le Magicien des Vitrines », est peut-être l’ancêtre du Mucem, qui consacre une exposition à son parcours. Un voyage à travers le 20e siècle, entre avant-garde et traditions populaire, folklore et modernité…
Voir, c’est comprendre : le titre de l’exposition est emprunté à un poème de Paul Éluard. En voyant les 600 objets et vitrines, on comprend en effet que la vie de Georges Henri Rivière a été une véritable œuvre totale, au service de tous les arts et de toutes les cultures. On découvre la figure d’un homme « ouvert, comparatif, créatif, contemporain, interdisciplinaire » selon les mots de Germain Viatte, l’un des deux commissaires de l’exposition.
Cinq ans après l’ouverture du Mucem, il était important de questionner l’histoire de ses collections, et on peut considérer que ce musée est en grande partie un héritage des objets mais aussi de la méthodologie instaurée par le grand muséographe qu’était GHR. On découvre un homme passionné, collectionneur, généreux, pour qui la culture et les arts doivent être pensés sans hiérarchie et qui cherche à « décloisonner les arts », dixit Marie-Charlotte Calafat, l’autre commissaire. Selon elle, c’est aussi la mission du Mucem aujourd’hui.
Cette dualité entre le contemporain et le traditionnel, et le constant « entre-deux » qui le définit, GHR la doit à son enfance. Son père est issu de la bourgeoisie parisienne et sa mère du milieu rural ; il passe son quotidien dans la capitale et ses vacances à la campagne, où il est bercé par une culture artisanale. On le voit très bien dans les salles un peu sombres du Mucem, à travers les vitrines, par la multiplicité des objets exposés : à la fois des œuvres d’artistes modernes (Masson, Léger, Picasso…) et des objets du quotidien plus banals (des pichets, des sabots ou encore des stylos CFDT). Pour Rivière, chaque objet est le témoin de la société et il est important de les conserver et de les préserver de l’oubli.
Tout en travaillant à partir des années 1925 avec Paul Rivet au Musée de l’Homme, GHR va parcourir la France pour réaliser des enquêtes de terrain, des relevés, des enregistrements sonores, des collectes d’objets, afin de conserver ces traditions populaires qui disparaissent. Il rêve d’un musée moderne, didactique et ouvert à tous. Ce projet verra le jour en 1972 avec le Musée des Arts et Traditions Populaires qu’il crée de toute pièce. L’idée de ce nouvel espace, conçu par l’architecte Jean Dubuisson, est d’être « un musée de synthèse », associé à plusieurs écomusées de province. Suite à sa fermeture en 2005, une grande partie de la collection est aujourd’hui dans les réserves du Mucem.
Passant du jazz aux musiques folkloriques, des collections ethnographiques précolombiennes aux collectes de traditions populaires de l’Aubrac, d’enquêtes sur les fêtes populaires et d’expositions sur le cirque, le vin ou la figure du berger, c’est un véritable « homme-orchestre » que l’on rencontre à travers ces vitrines.
Mathilde Ayoub
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Georges Henri Rivière – Voir, c’est comprendre : jusqu’au 4/03 au Mucem (7 Promenade Robert Laffont, 2e).
Rens. : www.mucem.org/ -
À l’époque du Bœuf sur le toit ! (temps fort associé à l’exposition avec Nuit Vernie, table ronde, concerts, ateliers…) : du 14 au 16/12 au Mucem.