Mon premier émoi cathodique avec Leighton Meester remonte à 2006. Dans le rôle d’une lolita tombée éperdument amoureuse — quelle idée — du Dr House, la blonde jeune femme jouait de ses charmes, nombreux, décolleté affriolant et minijupe à l’appui, arrivant presque à faire succomber le misanthrope médecin avant qu’icelui se rende compte que sa patiente enamourée abritait en son sein un parasite qui déréglait sa libido — ouf ! Devenue brune depuis, la belle Leighton continue d’affoler le palpitant cathodique des mâles de la planète dans le rôle Blair Waldorf, la bitch ultime de la série Gossip girl. Figure de proue de l’Upper East Side, soit la jeunesse dorée et friquée de New York, la jolie garce qu’on adore détester passe la majeure partie des épisodes à cancaner, bavasser, faire des croche-pattes, changer de fringues (ou de coupes de cheveux), poignarder dans le dos, boire comme un trou et coucher — bref à « bitcher » tout ce qui bouge. Irrésistible dans ce rôle de femme-enfant, à la peau laiteuse, aux yeux de bitch aux abois validés par des lèvres boudeuses, Meester réussit le grand écart périlleux entre la classe d’Audrey Hepburn dans Breakfast at Tiffany’s et les crasses de Sarah Michelle Gellar dans Sexe intentions. Et le tour de force de faire rêver de concert filles et garçons — mais pas pour les mêmes raisons. Et Gossip girl, dans tout ça, me direz-vous ? Aussi agréable qu’inconséquente, la série se laisse regarder avec un plaisir coupable, jouant chaque semaine sa petite musique, à base de chassés-croisés amoureux, de répliques cultes, d’outrance, de bling-bling et de bande-son idéale — Timberlake, Peter, Bjorn & John, Klaxons, Bon Iver… Ultime réjouissance, c’est la blonde Kristen Bell (Veronica Mars) qui prête sa voix, dans la version originale, à la mystérieuse bloggeuse qui pointe du doigt les nombreux errements de ses « amies ». C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup.
Henri Seard