Ça tourne à Saint-Pierre et Miquelon de Christian Monnier

Grands Larges

Port à porte

 

Pour sa douzième édition, le festival Grands Larges, anciennement Zones Portuaires, sillonne au cœur de sa thématique, celle de la ville portuaire et de l’imaginaire maritime, à travers les arts.

 

 

De tous les environnements urbains habités par les récits cinématographiques, la ville portuaire reste sans doute l’un des plus fascinants qui soient, au cœur duquel les personnages se meuvent avec une constante : leur confrontation permanente avec le front de mer. L’imaginaire maritime qui y reste attaché — faisant ainsi écho au hors-champ même du cinéma — contient le récit dans une ouverture au monde, source de tous les mythes. Pour s’en convaincre, il faut (re)découvrir les plans séquences tournés par les frères Lumière à Marseille ou La Ciotat, ou, un peu plus tard, en 1929, le sublime Marseille Vieux Port de László Moholy-Nagy. De Renoir à Bergman, en passant par Epstein ou Clément, la cité et son port furent une source d’inspiration inépuisable pour les plus grands noms de l’image en mouvement.

Depuis douze ans, le festival Grands Larges, anciennement Zones Portuaires, consacré aux villes portuaires et à l’imaginaire maritime, mêle subtilement les arts — cinéma, littérature, musique, photographie… — pour une approche kaléidoscopique et plurielle des enjeux humains, sociaux, urbains, entre autres, contenus dans la cité portuaire.

L’une des spécificités du festival se construit sur la temporalité même de la manifestation : prenant le contrepied d’une programmation ramassée sur un temps court — quelques jours —, l’équipe organisatrice étend ses propositions sur la durée, de mi-juin jusqu’à fin juillet. Pour cette douzième édition, et dans l’attente d’un treizième rendez-vous qui reliera six villes de la région Sud, jusqu’à Gênes en Italie, Grands Larges propose, depuis mi-juin, de nombreux événements à Port-de-Bouc et à Marseille, le mois de juillet restant particulièrement dynamique au cœur de ces propositions. Bâtie par le cinéma le Méliès et la médiathèque Boris Vian de la cité portuaire port-de-boucaine, cette programmation mêle donc, lors d’une même soirée, échanges littéraires et projections cinématographiques, à l’instar de la rencontre avec la poète Liliane Giraudon ou l’auteur toulonnais Jacques Serena, toutes deux suivies de projections en plein air. Lectures, concerts et spectacles vivants restent, à l’instar des années précédentes, les chevilles de cette programmation, comme en témoignent la prestation de Vincent Trouble autour de Novecento Pianiste, le concert du Duo Leve ou le spectacle de la comédienne Sylviane Simonet.

Au rayon cinématographique, de belles découvertes s’affichent au programme, de l’avant-première du film de Michel Franco Sundown au documentaire de Thomas Grand et Moussa Diop Poisson d’or, poisson africain, en passant par un focus sur l’immense cinéaste Vittorio de Seta, la séance de Ça tourne à Saint-Pierre et Miquelon, en présence du réalisateur Christian Monnier, ou l’incontournable opus de Robert Flaherty L’Homme d’Aran.

Enfin, Grands Larges offre depuis sa naissance quelques rendez-vous exceptionnels, lors des projections proposées sur le toit-terrasse de la Cité Radieuse le Corbusier, à Marseille : quatre soirées, pour cette douzième édition, permettront au public de savourer ces rares moments de projections, les derniers jours de juillet, au cœur d’un site qui embrasse toute la cité phocéenne, sur laquelle se découpe, comme suspendu, l’écran de projection. Chaque soirée au Corbusier — dont l’une accueillera l’acteur Denis Lavant — sera accompagnée, avant le film, d’un concert, propre à accompagner, au pied de la cheminée du toit-terrasse, notre imagination pour un voyage au long court.

 

Gaby Leuvielle

 

 

Grands Larges : jusqu’au 30/07 à Marseille et Port-de-Bouc.

Rens. : www.grandslarges.com

Le programme complet du festival Grands Larges ici