Grenade, les 20 ans au Théâtre Gyptis
L’Interview : Josette Baïz
Vingt ans. Voilà vingt ans déjà que les enfants et adolescents du Groupe Grenade enchantent les plateaux français à travers les chorégraphies de Josette Baïz. A l’occasion de l’étape marseillaise au Gyptis de cet anniversaire, fêté comme il se doit avec le concours de sept grands noms de la danse contemporaine, la chorégraphe revient avec nous sur cette extraordinaire aventure.
Les chorégraphes associés à cet anniversaire sont essentiellement des hommes. Est-ce un hasard ou un choix de votre part ?
Pour une grande partie, il s’agit d’amis, de personnes que je connaissais comme Michel Kelemenis, Angelin Preljocaj et, bien sûr, Jean-Claude Gallotta. Il se trouve que je connais plus d’hommes chorégraphes ; c’est un hasard, mais il y a sans doute une sensibilité qui nous rapproche…
Vous avez également fait appel à des personnalités moins « proches » de vous, comme Abou Lagraa, Jérôme Bel ou Philippe Decouflé. Considérez-vous leur accord immédiat comme un hommage à votre travail autour de la danse ?
Oui, sans doute. C’est surtout pour moi une très belle preuve de confiance, et une reconnaissance du travail que j’engage avec les enfants. Jean-Claude Gallotta a ouvert la brèche en me demandant de collaborer à sa création Trois générations en 2003. Plus tard, en 2007, je reprenais sa création Ulysse avec le Groupe Grenade. D’autres, comme Jérôme Bel, ont vu ce travail et le projet Grenade, les 20 ans a donc trouvé une résonance chez eux.
Se mesurer à un projet aussi éclectique était-il un vrai défi ? Pensez vous l’avoir porté là où vous vouliez ?
Oui, c’était un gros défi, mais je suis très heureuse du résultat.
Les chorégraphies n’ont subi que peu ou pas d’adaptation pour les enfants. Quelles difficultés majeures avez-vous dû affronter ?
Une difficulté technique bien entendu, et une difficulté d’interprétation. Les enfants donnent toujours une interprétation très personnelle des pièces, avec beaucoup d’émotions qui en émanent. Cela peut donner une nouvelle dimension à une création.
Y a-t-il un style Grenade ?
Oui, complètement. En métissant des chorégraphies vraiment différentes, on a élaboré un style sans véritablement le chercher. Ce style métissé est en quelque sorte notre « marque de fabrique ». Avec comme leitmotiv l’ouverture d’esprit.
Vous avez été interprète pour Jean-Claude Gallotta. Comment se sont passées les retrouvailles pour cette création ?
C’est un réel plaisir pour moi de travailler avec Jean-Claude. Nous apprenons l’un de l’autre : j’apporte mon expérience avec les enfants et lui ses chorégraphies toujours étonnantes. Je souhaite que ces collaborations se poursuivent dans le futur.
Vous n’avez pas voulu rester enfermée dans votre mode d’expression ; votre carrière en est la preuve. Que manque-t-il pour parfaire ou prolonger cette ouverture ?
J’aimerais travailler avec des chorégraphes internationaux, car ils ont une approche différente de la danse. Notre projet commun avec le Festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence de créer une pièce chorégraphique et musicale, Roméo et Juliette, pour juillet 2013, est un beau début. S’ouvrir à des choses nouvelles comme celles ici de travailler avec l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée. Mais mon plus grand souhait aujourd’hui, celui que je défends depuis des années, est un centre chorégraphique pour la jeunesse. Nous avons tous les moyens humains et une longue expérience pour sa réalisation, le reste est à suivre…
Le spectacle est en tournée depuis l’an dernier et a reçu un accueil très chaleureux notamment au Théâtre de la Ville à Paris. Quel est votre sentiment ?
Cétait un pari, mais une bonne décision ! Cette première partie de tournée m’a bien sûr confortée dans ce choix et m’a donné l’impression d’évoluer et d’avancer. Ce projet était une recherche vers d’autres ouvertures, et cela ne fait que m’encourager à poursuivre ce travail.
Propos recueillis par Pascale Arnichand