Mirages dedans

En résidence depuis 2020 au sein du mystérieux Cirva, l’artiste pluri-disciplinaire Tamar Hirschfeld chauffe, souffle et coule du verre. Pour Grillée, elle expose des sculptures qui ventilent de leurs esprits contemporains et contestataires les émanations classiques des œuvres permanentes du Musée des Beaux-Arts de Marseille, dans le cadre du Festival Parallèle.

Avec la délicate — et dangereuse — fragilité intrinsèque à son matériau de prédilection actuel, le verre, elle n’a pas manqué de jouer sur plusieurs tableaux. Des trompe-l’œil finalement trop étincelants pour être vrais, des impressionnantes volutes fixées dans leurs expansions ; ou encore une urne funéraire en plâtre, surmontée d’un amoncellement de morceaux de verre luisants à la manière d’une broche de kebab (une sculpture d’ailleurs nommée Monsieur Kebab) conversent activement, dans plusieurs langues (en hébreu, arabe ou provençal), avec celle bien plus académique des grands maîtres passés par chez nous. Au rez-de-chaussée du Musée, elle a préféré ajouter ses productions et du même coup, son comique du décalage, à la scénographie originale, faites de tableaux d’histoire et de portraits de nobles. Et c’est efficace. D’un même souffle, l’histoire et ses représentations sont remises en perspective, à coups de références Covid, wokisme et archéologie, à coups de slogans « Free Palestine » (elle en est proche, née à Jérusalem), et de voix, d’habitude empêchées (certaines sculptures sont sonorisées). De toute façon, elle nous emporte, sans doute aussi par la fascination que le cuisant travail du verre peut exercer.

Margot Dewavrin

Grillée de Tamar Hirschfeld : jusqu’au 23/04 au Musée des Beaux Arts de Marseille (Palais Longchamp, 9 rue Édouard Stephan, 4^e).
Rens. : musees.marseille.fr/musee-des-beaux-arts-mba

Pour en (sa)voir plus : www.tamarhirschfeld.art