GTA IV : Episodes from Liberty City (The Lost and Damned + The Ballad of Gay Tony) Rockstar Games – PS3, PC et Xbox 360
La série Grand Thieft Auto est violente. De cette violence faite à la moralité, où un individualisme de rigueur se combine à un idéal de réussite sociale plus ou moins présent, pour arrondir tous les angles — et tant pis pour la bonne conscience… Voitures faciles à piquer, sexe assimilé à un faire-valoir de l’ego, promenade motorisée en musique permettant la contemplation des joyaux construits à la gloire du fric, grandes fusillades sans victimes identifiées… Le dégoût est ici voulu… On finit par y arriver tôt ou tard, suivant son niveau de contamination par l’idéologie capitaliste. Tôt ou tard, on se moquera assurément de toutes ces tentatives poussives et autodestructrices de valoir quelque chose en société : la recherche de ce qui est matériel ou « bling-bling » dans GTA IV, la vie d’un marginal en gang (de motards) dans The Lost And Damned et même le stupre classieux d’un patron de discothèques gay dans The Ballad of Gay Tony. Rockstar Games réserve néanmoins des plaisirs pour chacun, nous laissant décider ce qui tient du plaisir sain ou du plaisir coupable, de l’émotion ou du spectacle. On trouve ainsi dans ses jeux des parodies d’émissions de télé ou de radio ultralibérales, des histoires d’amitiés réellement mélancoliques, des couchers de soleil fascinants, la possibilité d’épier des passants au milieu de leurs conversations téléphoniques (dans la rue)… En définitive, GTA pose surtout la question du libre-arbitre… sans jamais y répondre.
Jonathan Suissa