Hadrien-Favrole

Hadrien Favrole – Objectivement (?) à l’Atelier 72

Incertain regard

 

A quelques jours de sa première exposition monographique à Marseille, découverte du travail pictural d’Hadrien Favrole, autour de la subjectivité des images.

 

Issu d’une formation en illustration et graphisme qu’il a suivie à Nantes, le jeune artiste a progressivement résolu de se tourner vers sa passion pour la peinture, pour en faire aujourd’hui son médium privilégié. Touché par l’approche picturale d’un Lucian Freud et ayant exploré les technique de peintures à l’huile de grands maîtres tels que Rubens ou Vermeer, c’est d’abord dans le portrait intimiste qu’il trouve une source d’inspiration.
Mais progressivement, son questionnement sur l’objectivité de l’image et sa capacité à véhiculer les informations du réel lui donne une matière à réflexion qu’il réinvestit dans sa production. Il lâche alors son rapport au modèle pour recentrer son intérêt sur l’image même. Sa recherche plastique l’amène à développer un intérêt croissant pour l’anecdote, l’absence d’information, le flou, l’incertain.
Pour ses travaux récents, l’artiste est allé ponctionner dans les archives du web des photographies privées mises à disposition du grand public : photographies de familles, de vacances, de fêtes entre amis. Sorties de leurs contextes, recadrées par la vision de l’artiste, puis ressaisies dans leur essence par le geste du peintre, les images initiales s’écartent de leur fonction indicielle pour se faire expression du doute. La photographie originelle est ainsi une matière première dont Hadrien Favrole aime à se saisir jusque dans ses défauts (pixellisation, surexposition, saturation excessive, rayure de la pellicule) et qu’il vient sublimer pour en souligner la qualité plastique. Aux antipodes d’une approche hyperréaliste de la peinture, Hadrien Favrole croit en la valeur suggestive de la réalité, qui s’éloigne de l’image léchée, lisse et ultra détaillée de ce que l’on désigne comme référent de vérité. A l’instar de ce travail sur les photographies archivées, les portraits qui seront visibles lors de l’exposition montrent des personnes désincarnées, dont on a soustrait toute dimension narrative ou psychologique.
Dans un monde ébloui par la surabondance d’informations, serait-ce dans la brèche produite par l’absence et le vide que résiderait l’objectivité capable de rendre l’œil humain voyant ?

Morgane Lagorce

 

Hadrien Favrole – Objectivement (?) : du 3 au 18/06 à l’Atelier 72 (8 rue Vian, 6e).
Rens. : www.facebook.com/atelier.72.watt

Pour en (sa)voir plus : http://hadrienfavrole.wix.com/portfolio