L’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence surfe sur la vague de la fête de la musique en proposant un bref cycle illustrant divers aspects de la rencontre entre cinéma et musique. Une rencontre qui, loin d’être naturelle comme on peut l’envisager, a eu souvent du mal à générer de grandes œuvres.
L’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence surfe sur la vague de la fête de la musique en proposant un bref cycle illustrant divers aspects de la rencontre entre cinéma et musique. Une rencontre qui, loin d’être naturelle comme on peut l’envisager, a eu souvent du mal à générer de grandes œuvres.
Les diverses propositions hexagonales autour de la thématique « ciné rock » en disent long sur la culture musicale des exploitants et l’âge du capitaine. Elles se ressemblent toutes peu ou prou : on n’évolue rarement après 77, et le rock indépendant des trois dernières décennies brille par son absence. Exit le punk (pas un petit Rude Boy ou Docteur Chance à se mettre sous la dent) et la pop mancunienne (tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Manchester sans jamais oser le demander dans 24 hours party people), l’indie-rock (quid de Dig ! ou High Fidelity ?). Même le rock US dépressif reste aux abonnés absents (votre humble serviteur aurait tout de même adoré découvrir l’inédit film des fantastiques Black Heart Procession, The tropics of love). Non, nos sexagénaires programmateurs s’offrent bien souvent un dernier retour de trip sur les idoles de leur jeunesse — Stones, Bowie et Dylan en tête —, le tout baignant dans l’esprit fort palpable d’un « c’était mieux avant ». L’Institut de l’Image n’échappe pas réellement à la règle, même si la programmation finit par sortir son épingle du jeu, par la présence de deux films absolument incontournables : This is Spinal Tap et One + One. Le premier, miraculeux éclair de génie de la part d’un tâcheron comme Rob Reiner, suit avec force ironie la lente descente aux enfers d’un groupe de hard FM. Tous les clichés du genre — collants moule-boules et guitares zébrées — sont passés à la moulinette dans ce cultissime vrai faux documentaire. Le Godard, quant à lui, redistribue la donne du genre avec brio. Les autres choix sont plus douteux : malgré un regard diablement cultivé, le Last Waltz de Scorsese reste par trop didactique ; quant au Ziggy Stardust de Pennebaker, il s’agit là d’une des dernières dates de la tournée, mettant en scène un Bowie sur les rotules et un Mick Ronson se réveillant lors du solo de rappel. Sans être de haute volée, cette programmation reste une sympathique façon de boucler une année fort chargée pour l’Institut de l’Image.
EV
Du 23 au 26 à la Cité du Livre (Aix-en-Provence). Rens. 04 42 26 81 82