Histoire(s) de fantômes au cinéma à la Cité du Livre
Rendez-vous avec la peur
L’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence propose un nouveau cycle consacré cette fois-ci à la représentation du fantôme au cinéma, personnage central d’un genre incontournable.
Le cinéma a tôt fait, dès sa création, de s’emparer d’un personnage déjà mis à l’honneur au siècle précédent au cœur de la littérature gothique : le spectre. La lanterne magique naissante s’intéresse dès les années 1896 aux maisons hantées et à leurs habitants, représentation idéale d’un art fantomatique dont les artefacts se construisent sur l’apparition (de l’image projetée). Depuis, ces histoires de fantômes sont devenues un genre à part entière, décliné sur tous les continents, au gré des différences de représentation de la mort.
Friand de cycles cinématographiques, l’Institut de l’Image nous permet justement de survoler le sujet, avec une douzaine d’œuvres d’origines et d’époques variées. Car le spectre ne revêt évidemment pas la même signification sociale, culturelle ou politique selon qu’il hante une demeure japonaise, française ou américaine. Stéphane du Mesnildot a d’ailleurs récemment fait paraître, chez Rouge Profond, un excellent ouvrage consacré aux fantômes du cinéma japonais, insistant sur l’explosion de la J-Horror de la fin du siècle dernier. Un sujet repris par le cycle de l’Institut, qui fait intelligemment le grand écart entre Kenji Mizoguchi (Les Contes de la lune vague après la pluie) et Hideo Nakata (Dark Water). Un autre pays majeur du genre, l’Angleterre, d’où naquit la littérature gothique, est mis à l’honneur ici avec, entre autres, l’excellent film à sketchs Au cœur de la nuit, venant rappeler l’importance culturelle des revenants de tous poils dans la création d’outre-Manche. Le choix du Shining de Kubrick peut, quant à lui, être plus contestable au sein de cette thématique, puisqu’il opère, contrairement au roman dont il fut adapté, à la frontière de la schizophrénie, l’apparition surnaturelle n’étant qu’un à-côté de l’intrigue. Parmi les autres grands classiques sélectionnés, citons le charmant opus de Mankiewicz, L’Aventure de Madame Muir, qui permettra sur grand écran de retrouver la beauté mutine de Gene Tierney. Cette courte thématique reviendra également sur l’essor du film fantastique de ces dernières années dans la cinématographie espagnole, voire portugaise, avec les deux grands classiques du renouveau gothique transpyrénéen : Les Autres et L’Orphelinat.
Texte : Emmanuel Vigne
Photo : Les Contes de la lune vague après la pluie de Kenji Mizoguchi
Histoire(s) de fantômes au cinéma : du 4 au 24/04 à la Cité du Livre, salle Armand Lunel (8-10 rue des allumettes, Aix-en-Provence).
Rens. 04 42 26 81 82 / www.institut-image.org