Home – (France/Suisse/Belgique — 1h37) d’Ursula Meier avec Isabelle Huppert, Olivier Gourmet, Adélaïde Leroux…
L’imitation de vitesse
Une autoroute abandonnée en pleine campagne, une maison isolée au bord du bitume, une famille joyeuse qui y vit… On peut dire qu’Ursula Meier possède l’art de planter le décor. Les premières images du film sont en cela très parlantes. La cinégénie du lieu cède vite la place au quotidien de cette famille presque modèle qui semble s’épanouir là, à quelques mètres des barrières de sécurité, comme si elle vivait en pleine campagne. Pour vous donner une idée, c’est un peu La petite maison dans la prairie sur une aire d’autoroute. Avec son casting minimaliste et irréprochable, son sujet atypique, ainsi que les atours de cette belgitude tragi-comique qui commence à devenir sérieusement tendance, Home est le genre de film qui a tout pour plaire. Il s’avère d’ailleurs plaisant par sa volonté de ne jamais faire entrer une once de sociologie ou de psychologie dans ce quasi no man’s land, et aussi par sa réussite à faire de l’autoroute un véritable personnage. Personnage qui ne tarde pas à se réveiller et à devenir envahissant lorsque les travaux de réhabilitation commencent et que le tronçon d’autoroute abandonné va s’ouvrir à la circulation. Dès lors, les choses sérieuses commencent, et chaque personnage se réfugie alors dans une posture très marquée, presque caricaturale. Enthousiasme pour les uns, paranoïa ou simple stoïcisme pour les autres, chacun accueille à sa manière ce flux continu de fumée et de bruit. On se dit alors que le récit va s’emballer, que des vérités trop longtemps enfouies vont ressurgir, et que le film, jusque-là purement descriptif, va enfin prendre une intonation plus sensible. Espoir très vite déçu par sa dernière partie qui, malgré quelques jolis moments, semble peiner à trouver son rythme et une fin probante à cette drôle d’aventure. Au final, Home nous laisse un goût d’inachevé, presque de gâchis tant il paraissait réunir les ingrédients nécessaires à une belle fiction décalée. Au bord de l’autoroute, Ursula Meier nous laisse en panne des sens.
nas/im