Homo ça coince ! par le Collectif Manifeste Rien
Embrassez qui vous voudrez (1)
Le Collectif Manifeste Rien poursuit son exploration des sciences humaines et présente, après un an de recherche, Homo ça coince !, une tragi-comédie traitant des discriminations homophobes et transphobes.
Dans un rôle de conseiller, Laurent Gaissad, chercheur en sciences sociales, a permis au collectif de mieux appréhender les questions de genre et d’hétéronormativité : « Il est venu nous rencontrer à l’issu de notre spectacle La Domination masculine de Bourdieu. Nous étions déjà en travail sur notre prochaine création, et il a proposé son aide pour l’écriture de la pièce. » À partir de la littérature de Virginie Despentes ou encore de Gilles Dauvé, le chercheur et le metteur en scène Jérémy Beschon posent la question d’un monde où l’identité de chacun.e ne serait pas définie par les pratiques sexuelles. Loin d’une pensée dichotomique de la société — d’une Pensée Straight, pour reprendre le titre d’une œuvre de Monique Wittig — ces auteur.e.s rejettent la notion de genre et rêvent à l’abolition des sexes. « Nous ne pouvions pas considérer l’homosexualité sans penser à la déconstruction des genres », confie le dramaturge. Seul en scène, sur un plateau nu, Olivier Boudrand interprète une quinzaine de personnages, d’un Monsieur Loyal omniscient, « un meneur de jeu qui entre et sort de la narration quand il le souhaite et en adresse directe avec le public », à Albert, un Ch’ti au chômage homophobe, qui tombe amoureux d’une personne trans, en passant par une famille marseillaise hétéronormée dont le père rencontre des hommes sur la place Sébastopol, un lieu autrefois mythique des rendez-vous nocturnes gay marseillais. « Le comédien crée seulement à partir de son corps et de sa voix, il est à la fois l’univers, son contenant et son contenu », souligne Jérémy. Du flipper à la machine à café entartrée, l’acteur donne vie aux différents lieux qu’il découvre et des objets qui les composent. Les liens se resserrent peu à peu entre ces individu.e.s. Le genre est mis à plat tandis que les personnages assument leurs amours et leurs sexualités : « Tout au long de la pièce, iels sont traversé.e.s par leurs désirs, leurs délires, iels sont sans cesse en mouvement et rendent poreux les catégories imposées par l’hétéronormativité. » Comme à son habitude, le Collectif Manifeste Rien clôturera la pièce avec un débat en présence du socio-anthropologue Laurent Gaissad.
Fiona Bellime
Homo ça coince ! par le Collectif Manifeste Rien :
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Les 23 & 24/05 au Liberté, Scène nationale de Toulon (complet).
Rens. : www.theatre-liberte.fr -
Du 28 au 30/05 au Théâtre de l’Œuvre (1 rue Mission de la France, 1er).
Rens. : http://theatre-oeuvre.com
Pour en (sa)voir plus : http://manifesterien.over-blog.com/
Notes
- Titre du numéro de L’Équipe Magazine paru le 4 mai dernier, consacré à la lutte contre l’homophobie dans le sport. À la une, deux coéquipiers de water-polo s’embrassent dans la piscine Molitor à Paris. [↩]