Huit fois debout (France – 1h43) de Xabi Molia avec Julie Gayet, Denis Podalydès, Constance Dolle…
Presque debout en bout
D’entrée de jeu, on sent que Huit fois debout bénéficie d’une bonne énergie. Des producteurs (Julie Gayet en tête) aux comédiens (Podalydès en tête), en passant par le réalisateur/scénariste, tout semble concorder pour rendre cette première réalisation cohérente voire convaincante, en tout cas honnête. Et c’est le cas, au moins pendant une bonne moitié du film. Cette histoire touchante d’hommes et de femmes dans la galère, qui collectionnent les échecs et les petits boulots, démarre bien. S’appuyant essentiellement sur des séquences très bien dialoguées, Huit fois debout allie humour désabusé et gravité de circonstance. En somme, le rire (ou le sourire) tragique. Julie Gayet garde en elle une trace de ses collaborations avec Laurent Bouhnik, tandis que Podalydès redécouvre les joies de jouer les marginaux, comme il avait su si bien le faire pour son frère au début de sa carrière. Avec de tels ingrédients, la sauce prend si bien qu’on imagine assister progressivement à la naissance du petit frère de Papa (Maurice Barthélémy), du Péril jeune (Cédric Klapisch) ou encore des Apprentis (Pierre Salvadori). Hélas, la magie s’estompe. L’enchaînement des péripéties devient poussif (malgré quelques belles scènes, notamment celle de Julie Gayet avec son fils), voire redondant. On a l’impression que Xabi Molia n’a pas su resserrer son scénario et ainsi redynamiser une trame bénéficiant de trop peu de singularité et d’éléments narratifs pour s’autoriser une quelconque répétition. Ajoutons à cela une certaine prévisibilité inhérente à ce type de récit et on commence à trouver le temps long… Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : Huit fois debout a du mérite et du caractère. Souhaitons simplement qu’il rencontre son public pour laisser au réalisateur la chance de pouvoir mettre en route un second long métrage qui sera sans doute plus abouti.
Lionel Vicari