Mental haut

 

Jeune Aubagnais âgé de vingt-trois ans, Clément Freze est le nouveau visage du mentalisme. Jouant les funambules entre coups de bluff et stratégies, il fourmille de projets plus ambitieux les uns que les autres et détonne par son style sherlockien à tendance geek.

 

Depuis son plus jeune âge, ce gentleman de la scène mentaliste est ce que l’on appelle un curieux compulsif. Doté d’une grande élasticité intellectuelle, il fréquente à six ans la bibliothèque de sa ville pendant des journées entières. Plutôt commun pour un enfant, sauf qu’il n’y lit pas des bandes dessinées colorées mais du Freud ou encore d’autres ouvrages sur la psychologie et l’astronomie. Et c’est par le plus simple des hasards qu’il commence à s’intéresser à la prestidigitation lorsque, pour l’un de ses anniversaires, on lui offre une mallette de magie. Il n’en fallait pas plus au petit garçon du Garlaban pour développer une passion pour cet art ; passion qui le prépare à un destin auréolé de promesses et de rencontres déterminantes…

Clément Freze intègre la compagnie Tétines et Biberons à Aubagne où il s’essaie à la scène à travers des participations en tant que jeune comédien et choriste. C’est ainsi qu’il acquiert très tôt une aisance théâtrale et qu’il gagne progressivement confiance en ses capacités. L’art du mentalisme viendra à son adolescence, après avoir découvert le travail de l’illusionniste britannique Derren Brown, qui fera figure de référence pour Clément Freze. Subjugué par sa manière de reproduire des effets paranormaux via des techniques de manipulation mentale, il se met à travailler d’arrache-pied pour dénicher tous les secrets liés à l’illusion, la mnémotechnie et le non verbal. La vocation était née, et avec elle, une puissante envie de se démarquer !

Bien que cette activité particulière lui demande une concentration toujours sur le qui-vive et un esprit fortement analytique, le jeune homme ne fait pas taire pour autant sa sensibilité. « Mes émotions sont à fleur de peau, mais à la peau très épaisse », confesse t-il d’une voix pudique. Ses allures de poète romantique, son attirance particulière pour les objets anciens et la façon qu’il a pourtant de vivre avec son temps font de lui un personnage mystérieux mais ouvert au monde.

Ses inspirations puisent leur source dans la musique de Bach, de Mozart ou encore de Marina Kaye ; c’est à travers leurs mélodies qu’il parvient à imaginer les décors de ses prestations scénographiques. L’orateur charismatique est aussi un amoureux de littérature. D’Alexandre Dumas à Paulo Coelho, en passant par Walter Isaacson, Clément se délecte de lectures aussi éclectiques que le panel de ses talents.

La suite logique ne pouvait être que la création de son propre spectacle, intitulé Une affaire du XIX^e siècle. Il y est question d’illusions, de psychologie et d’hypnose sous couvert d’énigme policière et de spiritisme. Le public, lui, n’est pas seulement spectateur mais interagit avec l’artiste, qui sait habilement le mettre à l’aise et le mener là où il le souhaite.

Bientôt en tournée dans toute la France, c’est avec génie et humour que cet acrobate de l’esprit tiendra votre cerveau entre ses mains. Cependant, nul besoin d’être effrayé, Clément Freze assure n’avoir aucun pouvoir ou autre don venu d’un autre monde. Il met d’ailleurs un point d’honneur à préciser que tout le monde peut faire ce qu’il fait ! Non par fausse modestie, mais plutôt afin de mettre en garde contre la face cachée des pseudo sciences et de leur lot de charlatans. En effet, lorsque ces derniers prétendent guérir par l’esprit ou rentrer en contact avec des défunts en utilisant des méthodes suspicieuses, cela a tendance à hérisser le poil de l’Aubagnais. Au-delà du show, l’artiste aspire à éveiller chez les gens un esprit critique aiguisé : « Il est vertueux de se poser des questions en dépit de ce qui serait agréable de croire. Raconter des histoires pour faire réfléchir, c’est mon leitmotiv. ». Bien que baignant dans le domaine du spectacle, il n’oppose en rien la science et l’art, prétextant que ces deux disciplines peuvent se nourrir l’une l’autre. C’est d’ailleurs en partie sur cette ligne éditoriale qu’il a créé sa chaîne Youtube éponyme, dont la communauté ne cesse de s’élargir.

Il y a quelques mois, l’on pouvait y visionner le débunkage magistral d’un supposé médium à travers un protocole soigneusement monté par le fin mentaliste. Une expérience plus que validée si l’on en juge l’étendue du travail fourni et l’approbation de nombreux zététiciens renommés.

Son but à travers ce genre d’initiatives est de mettre toutes les cartes en notre possession afin que nos croyances se rapprochent davantage d’une certaine objectivité plutôt que d’être influencées par des émotions parfois trompeuses.

Pour cette rentrée, Clément Freze continue de placer la barre haut en sortant son premier livre, Les Maîtres de l’imposture, aux éditions Yuri & Laïka. Il y dévoile et décortique quinze impostures, mettant ainsi en valeur la notion de vérité si chère à ses yeux. Le performer explique les méthodes utilisées par les manipulateurs en se plongeant dans leurs raisonnements psychologiques et nous permet ainsi de repérer les éventuels faussaires que nous pourrions tous rencontrer. Cet ouvrage prend sa place au sein d’une culture réflexive mêlant le feu souvent trop vif du sensationnel à la maturité de l’analyse.

Dans toutes ses aventures, c’est accompagné de ceux qu’il considère comme sa famille qu’il prend plaisir à créer et innover. Parmi eux, Antoine Aresu, metteur en scène et co-auteur, Ulysse Lejeune, compositeur, et Corentin Poupon, chargé des lumières. Pour la production, c’est le célèbre ténor Amaury Vassili qui a pris sous son aile l’étonnant prodige. Le tout supervisé par l’œil perfectionniste et bienveillant du mentaliste.

Constamment en mouvements, plusieurs desseins s’installent dans la tête bien construite de Clément Freze. Pour lui, l’apprentissage est une source inépuisable d’évolution dont il ne se lasse pas. Son prochain challenge est la tournée de son tout nouveau spectacle sur la thématique du rêve qui, tenez-vous bien, changera votre vie. « Ce sera du jamais vu ! », prévient-il avec un enthousiasme communicatif. Le reste est encore tenu secret volontairement et relève d’une certaine consécration pour celui qui, à l’orée de sa carrière, marche déjà sur un chemin diablement prometteur.

 

Saïda Boulkaddid

 

Dans les bacs : Les Maîtres de l’imposture (éd. Yuri & Laïka)

Pour en (sa)voir plus : http://clementfreze.fr / www.facebook.com/clementfreze / www.youtube.com/user/clementfreze