Identités Remarquables | Swan Ink

Lien et l’autre

 

Magnétique(s), extatique(s), hypnotique(s), frénétique(s), énigmatique(s). Bien plus qu’un simple duo féminin, Swan Ink ne fait qu’un. Un personnage attachant délicieusement formé par deux personnalités fortes et affirmées musicalement. Going Deeper, leur deuxième EP sorti en décembre dernier, donne le ton, transpirant d’émotions diverses.

 

Jeune(s) femme(s) perfectionniste(s) et déterminée(s), Swan Ink a 52 ans (à elles deux). Zenia, brune dynamique à l’allure élancée rappelant celle de Patty Smith, et Marine, blonde solaire et léonine aux yeux bleus immenses jalousés des mangas, mélangent les genres. Principalement pour éviter l’ennui. D’abord du rock sur fond de musique électronique, auquel s’ajoutent des riffs synthétiques entêtants et des guitares à couper le souffle. Tantôt envolées lyriques, tantôt voix gutturales, des phases hip-hop par-ci par-là. Sans compter les lignes de basses lourdes.

Swan Ink se lasse facilement, d’où les enchainements d’ambiances sur un même morceau. Composer avec un imaginaire est essentiel, il faut que les titres racontent une histoire. Une myriade de rebondissements, de mésaventures, un orage puis du soleil et des rencontres éblouissantes. Telle est leur façon d’expliquer leur musique.

Swan Ink, lien inaliénable. Solidarité et complicité incontestable. Équilibre naturel. Quand l’une tombe, l’autre la rattrape.

 

Symétrie absolue

À leur naissance, seule la Manche les sépare : l’une est anglaise (on comprend l’accent parfait), l’autre du Nord-Pas-de-Calais. Elles grandissent chacune dans un environnement où la musique prend beaucoup de place et curieusement, c’est leur père qui donne le la. À l’adolescence, plus au sud, cette même musique les réunit à Aubagne, faisant totalement disparaitre cette frontière puisque les anciennes de The Magnet se rendent compte très rapidement que « jouer ensemble » devient vital.

Prises au jeu, l’idée de former un nouveau groupe vient immédiatement. Mais à deux, c’est compliqué lorsqu’on est « anti-ordi ». Après six batteurs et moult désillusions, « c’est toujours la grosse déprime », répondent-elles en chœur.

Thierry Noygues (Le PAM, Nomad Café), qui les a vues grandir, se positionne, sans le savoir, en sauveur : « Vous voulez être a deux ? Et bien allez y ! » Presque aussitôt dit, presque aussitôt fait. L’idée fait son chemin et éclate au grand jour un soir de désespoir. Eureka ! Félines dans l’esprit, elles retombent toujours sur leurs pattes.

Certains signes de la vie ne trompent pas, ils mettent juste du temps avant de se faire connaître. Zenia et Marine étaient faites pour se rencontrer.

Loin d’une traduction banale, Swan Ink symbolise l’encre des signes, entendre les signaux. « Les signes de la vie te donnent une inspiration pour écrire avec ta plume, avec la plume du cygne, l’encre du cygne. L’encre des signes. »

La musique est leur miroir. Swan Ink en est l’incarnation. Sur scène, elles deviennent ce personnage que Marine dessinait lorsqu’elle était jeune, celui avec des yeux en losange, toujours triste.

Pourquoi ne pas incarner ce bonhomme sur scène ? Une photo du dessin envoyée à Zenia a suffi pour le faire vivre : autour de leurs yeux, deux losanges noirs, cette fois-ci asymétriques : « On prend ton personnage, on le divise en deux et c’est quand on est ensemble qu’il existe. » Identité commune qui devient symétriquement absolue lorsque l’on superpose leurs deux visages. « On a l’impression d’être Swan Ink. »

 

Lâcher-prise

Zenia aime se mettre en scène avec une propension à théâtraliser ses ressentis : pour ce faire, prétextant une scène trop petite, elle se mélange au public. Il semblerait que ce soit surtout pour perdre l’équilibre et le reprendre. Sensation forte exigée !

Chaque titre a sa propre émotion, comme un trait de caractère de l’EP Going Deeper. Avec ces cinq morceaux, elles sont allées en profondeur chercher le meilleur tout en ayant conscience du risque que cela engendrait, elles se sont donné à 100 %, « non, 4 000 % ! », précisent-elles. À force de peaufinages incessants, de compositions et de recompositions, d’enregistrements et de réenregistrements… le temps finit par presser.

Le titre Going Deeper était initialement prévu pour être une ballade, devenu aujourd’hui un manifeste rythmé de beats lancinants, alimenté d’une guitare électrique et de cris du cœur. Changement de direction parce que « le mignon, ça nous va pas du tout. »

Doucement punk, Marine affirme en citant Stromae qu’elle n’écoute les autres que dans une certaine mesure : « J’écoute 10 % de ce qu’on me dit. »

Avec une terrible soif de liberté, Zenia et Marine vont dans une même direction artistique, toujours à la recherche d’une émotion commune, pour être en phase.

Après avoir enchainé les dates cette année, sans cesse en mouvement, elles souhaitent à la rentrée se poser dans une phase de création afin de préparer un nouveau live… Si vous voulez saisir une occasion de les voir, rendez-vous le 3 août pour le Festival de La Licorne à Lamanon.

 

Cerise Steiner

 

Rens. : www.facebook.com/swaninkband / soundcloud.com/swan-ink