Il n’a été heureux qu’une fois : sous un parapluie présenté au Théâtre de Lenche
Un p’tit coin de parapluie…
La dernière création de la compagnie de l’Egrégore est un cabaret à l’image du théâtre accueillant la compagnie qui y est associée depuis déjà plusieurs années : populaire, humaniste, drôle et généreux. Nécessaire, donc.
Avant même l’entrée en salle, l’accueil s’avère particulièrement chaleureux, non seulement parce que c’est l’une des caractéristiques fondamentales du théâtre de Lenche, mais aussi parce que les comédiens — déjà en costumes — investissent les espaces extérieurs, offrant numéros improvisés, thé et petits gâteaux en ce soir de pluie.
Entraîné par le truculent Ivan Romeuf, le public se retrouve dans une salle transformée en cabaret. Toute une revue de personnages, plus ou moins désespérés mais plus pittoresques les uns que les autres, va alors faire tourner les têtes et muscler les zygomatiques pendant plus d’une heure et demie.
Sur les notes de la pianiste Anne Gastine, sorte de Charly Oleg montmartrois orchestrant le joyeux ballet, les numéros défilent, les chansons et les histoires aussi, qui nous parlent de maris trompés — incarnés notamment par l’inénarrable Denys Fouqueray, aux faux airs de Philippe Léotard —, de femmes manipulatrices ou abusées. Autant de personnages vaudevillesques qui nous transportent grâce à une interprétation vive et enjouée, techniquement admirable parce que sincère chez l’ensemble des comédiens, jamais fausse dans l’excès. Intermèdes musicaux sur fond de chœur traditionnel russe et anecdotes égrenées depuis les coulisses — on saluera particulièrement les interventions drôles et piquantes du comédien et danseur Jean Marc Fillet — ponctuent la pièce. On prend plaisir à se laisser emporter dans cette aventure tourbillonnante et on ressent alors la joie du partage, avec une véritable troupe de théâtre qui nous a donné, généreusement. Une preuve supplémentaire que le rire n’est pas incompatible avec la finesse et l’intelligence. Nul doute que le théâtre populaire de Tchekhov a encore de belles heures à vivre. L’Egrégore aussi.
Joanna Selvidès
Il n’a été heureux qu’une fois : sous un parapluie était présenté du 13 au 25/10 au Théâtre de Lenche