Images Contre Nature 2017
Un festival stupéfiant
L’équipe de P’Silo nous donne rendez-vous au Videodrome 2 pour la dix-septième édition — dix-sept ans, déjà ! — d’Images Contre Nature, festival consacré aux œuvres internationales de vidéos expérimentales. L’occasion, dans une ambiance particulièrement conviviale, de repenser notre rapport à l’image plastique.
L’expérimentation des codes assignés est bel et bien inscrite dans les gênes même de l’image en mouvement. Il suffit pour s’en convaincre de (re)voir les œuvres d’Étienne-Jules Marey, Eadweard Muybridge ou Émile Reynaud pour s’en convaincre. La question fut plutôt de se dire : qu’expérimente-t-on ? Formes ou langages ? Qu’est-ce qui tient du cadre et de l’ailleurs, dans un champ sémiologique ? S’ouvre alors à nous tout un espace de réflexions — et de réceptions — qui définit notre rapport à cette image en mouvement. Expérimenter, c’est explorer. Avec la même délicieuse impression d’un plongeon dans l’inconnu. Un voyage que l’équipe de P’Silo nous invite à faire, en leur compagnie, depuis dix-sept ans déjà, au cœur de la cité phocéenne, lors de leur événement estival, Images Contre Nature, qui cette année derechef se déroulera dans les murs de l’excellent Vidéodrome 2. Atypique, cette manifestation l’est sans conteste. Par le choix — et la qualité — des films proposés, et par les personnalités de l’équipe même, à commencer par Hélène Bez et Claude Ciccolella, qui ont su donner ce supplément d’âme à ICN. Toujours fidèle au dispositif efficace qui a fait la spécificité du festival, cette édition 2017 est à nouveau construite sur les huit segments du programme (animé, espace, identité, long, mouvement, perception, sens, temps), auxquelles viennent se rajouter les soirées d’ouverture et de clôture. Jamais érigé en système, cette classification permet de rendre ludique et intelligent un corpus de près de quatre-vingts films en provenance de vingt-deux pays. Et de rendre compte que la vidéo expérimentale, dans sa diversité, et parce qu’elle est ce médium, trouve directement la voie d’une urgence du monde, et de sa représentation. L’exploration des signes iconiques n’est donc jamais hors-sols, comme en témoignent les œuvres de Scott Morrison, Giuseppe Boccassini ou Iñaki Sagastume, mais bel et bien rattachée au réel. Et c’est là toute la force de ce festival passionnant. Qui s’ouvrira donc sur le partenariat avec l’excellente section Aixpérimental 2 du Festival Tous Courts d’Aix-en-Provence, pour s’achever, lors de la soirée de clôture, avec une proposition savoureuse construite conjointement avec Dodeskaden, le MUFF et Vidéodrome 2, structures régulièrement citées dans ces colonnes, et qui font, aussi, la richesse de cette ville en matière d’images en mouvement.
Emmanuel Vigne
Images Contre Nature : du 4 au 8/07 au Vidéodrome 2 (49 cours Julien, 6e).
Rens. : 04 91 42 75 41 / www.p-silo.org
Le programme complet du festival Images Contre Nature ici