Images Transversales au Centre d'art contemporain intercommunal d’Istres
Le peintre à la caméra
La Plateforme Ouest Provence des Arts Visuels (POPARTs), réunissant une poignée de villes de l’Etang de Berre, propose durant un mois et demi de nombreux rendez-vous autour des liens qu’entretiennent le cinéma et l’art contemporain.
Cette manifestation intercommunale, Images Transversales, a pour ambition de définir, de manière non exhaustive, tous les points de contact existant entre la création artistique contemporaine et l’univers cinématographique. Une question aussi vieille que le cinéma lui-même, et sur laquelle se sont déjà penchés de nombreux théoriciens. Ce qui n’empêche nullement de reformuler sans cesse cette interrogation en mouvement, pour deux arts en perpétuelle mutation. Deleuze aimait rappeler que l’un des principaux vecteurs de comparaison se trouvait dans la vitesse de l’image, développant les concepts d’image mouvement et d’image temps. Depuis, les travaux de nombreux plasticiens investissant la matière cinématographique (de Douglas Gordon à Pierre Huyghe) et l’explosion du found footage ont creusé le sillon d’une culture commune parfois mal comprise — il n’est qu’à voir la place encore fort minime de l’éducation cinématographique dans les écoles d’art. A travers rencontres, expositions, débats et projections, l’équipe d’Images Transversales développe ce courant de pensée aux formes d’expression illimitées. On regrettera peut-être que la proposition cinématographique soit un brin en deçà des manifestations plasticiennes. Au menu, l’incontournable Lynch (Mulholland Drive), caution trop galvaudée dès que l’on juxtapose art contemporain et cinéma. Malgré le génie du cinéaste, ses expérimentations hors sentiers restent du domaine de l’amateur éclairé, jouant avec les codes, contrairement aux œuvres universelles de Vertov ou Epstein. On prendra plaisir à (re)voir le jouissif Faîtes le mur de Banksy, pied de nez malicieux à la marchandisation de l’art, et surtout le trop rare Guy Maddin, émouvant dans Winnipeg mon amour, qui reste pourtant stricto sensu dans le champ cinématographique. Le choix d’Hitchcock est en revanche malicieux. Le mécanisme des artefacts chez le cinéaste le rapproche sans conteste de la création plasticienne, à l’instar d’un Kubrick. Les liens permanents entre ses œuvres et l’évolution de la création picturale au XXe siècle (les références à Magritte, au surréalisme) nous dévoilent un autre pan de ce réalisateur protéiforme de génie. Autour de cette programmation cinématographique, Images Transversales propose le visionnage de nombreuses œuvres vidéo qui finissent de tisser les liens toujours plus complexes liant ces deux champs de la création.
Texte : Emmanuel Vigne
Photo : Winnipeg mon amour
Images Transversales : jusqu’au 13/07 au Centre d’art contemporain intercommunal d’Istres et dans divers lieux de la régie Scènes et Cinés.
Semaine Cinématographique : jusqu’au 10/05 dans les cinémas d’Ouest Provence.
Rens. www.scenesetcines.fr