Time Out
Rencontre entre le mobilier urbain et l’art contemporain, la troisième édition d’Interstices n’aura malheureusement pas duré longtemps.
Hors des salles d’exposition, la Chambre Claire s’emploie via son projet Interstices à diffuser l’art contemporain dans l’espace public. « On a eu envie de faire sortir l’art des lieux classiques, de l’amener vers les gens, de les mettre devant le fait accompli pour les faire réagir. Ici, j’ai voulu les interpeller, les faire réfléchir mais sans leur indiquer de direction particulière. Le spectateur est libre d’interpréter le texte comme il le veut », indique Valérie Horwitz, fondatrice de l’association et artiste mystère de cette nouvelle exposition.
Cette année, c’est une façade en rénovation de l’avenue de la Canebière qui avait été choisie pour recevoir l’œuvre textuelle. « Je voulais que cela ne passe pas inaperçu, j’ai donc préféré un texte plutôt qu’une image. » Les mots de Baudelaire ont donc remplacé pendant quelques jours les bâches ternes d’une façade en rénovation à la frontière du quartier Noailles. « C’était un emplacement qui convenait tout à fait. C’est un lieu de passage où tout le monde se croise, où l’on peut faire des rencontres, on va, on vient sans jamais vraiment s’arrêter. »
L’exposition sera restée en place jusqu’au 18 février, date à laquelle l’alexandrin de Baudelaire imprimé sur une bâche de dix mètres par sept a été décroché et volé.
« Je ne comprends pas, c’est une grande première ! Il n’y avait rien de provocateur dans le texte. Cet alexandrin, je l’ai choisi pour son évocation du non lieu, cet espace où l’on passe sans rester. Il s’accordait parfaitement avec le thème d’Interstices. J’essaie de me dire que c’est quelqu’un qui a vraiment adoré mais j’ai un doute… »
Si l’œuvre a disparu, Valérie Horwitz souhaite tout de même continuer le projet. « Forcément, je me pose des questions par rapport à la programmation d’Interstices qui se veut ouverte et à la disposition du public, mais également pour 2013 où il y aura beaucoup d’évènements artistiques en extérieur. Je ne m’attends pas à retrouver l’œuvre et cela m’attriste, mais j’ai tout de même envie de continuer, de refaire quelque chose, peut-être en collaboration avec d’autres artistes. »
Aileen Orain
La Chambre Claire (32 rue de Lodi, 6e).
Rens. www.lachambreclaire.fr