L’entretien | Flavien Berger

À quelques jours de son concert à Marseille, nous souhaitions interviewer le chanteur prolifique, qui ne cesse de se réinventer. En tournée depuis l’année dernière, il a eu le temps de produire un nouvel album, Contrebande 02. Le disque de l’été, et est également en tournage d’un court métrage.

 

 

Il paraît que vous êtes en tournage en ce moment. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le sujet ?

Il y a quelques mois, un jeune réalisateur, Simon Bonanni, m’a contacté pour jouer le rôle principal de son court métrage Tondeuze. Je venais de faire ma première expérience de tournage avec le clip de Vimala Pons pour le morceau Feux Follets et j’avais beaucoup aimé l’expérience de plateau. Ça me rappelait un peu la tournée, où chacun, chacune est à son poste et il y a une convergence vers un moment créatif. De fil en aiguille, j’ai accepté de faire ce projet, je tente le délire de la comédie. Je ne sais pas si j’aime trop ce côté transitoire de musiciens qui passent au cinoche et tout ça, mais bon… Je sais pas, je vais voir, on verra.

 

C’est donc une première expérience de comédien ?

Oui, et c’est amusant. En fait, j’adore faire ça. Et j’ai l’impression que pour l’instant, j’arrive à peu près à faire ce qu’on me demande. Donc affaire à suivre !

 

En parlant de projets transversaux, vous avez aussi composé la bande originale du spectacle de danse Maison d’en face de Léo Walk…

J’ai rencontré Léo en 2020. On s’est rapproché parce qu’il aimait bien ma musique. Je lui fait écouter des sons que je gardais de côté, sur une espèce de radio privée de musiques non abouties où il y a 4 000 fois plus de musiques que sur Spotify. À ce moment-là, il bossait sur un film, une sorte de ballet vidéo. J’ai essayé d’imaginer de la musique autour de ça. Finalement, le film est devenu un ballet. J’ai fabriqué de la musique à distance que je lui envoyais et lui chorégraphiait dessus. Moi, j’avais des ambiances, mais je n’avais pas vraiment ni de chorégraphie, ni de scène a priori sous les yeux. Donc j’ai un peu fait ce qui me passait par la tête… J’ai reçu de l’aide de Sacha Rudy, un arrangeur, avec qui on a fait le montage des musiques ensemble, les transitions…

 

À quoi tient le succès de ce spectacle selon vous ?

Léo, qui vient du hip-hop, veut rendre populaire la danse, au même titre que la musique. C’est-à-dire populariser un art qui est réservé soit à des élites, soit à des émergences populaires. Il essaye de faire un passage entre ces deux mondes et je trouve ça intéressant. On est en train de travailler sur de nouveaux trucs là, et c’est cool…

 

Parlez-nous de Sapon, un des singles de l’album Contrebande 02. Le disque de l’été, sorti en février dernier…

Cette musique raconte un moment d’été 2023. J’adore l’été en ville, j’habite à Bruxelles et je fais du vélo. Cette chanson raconte un petit peu le premier degré de moi qui aime l’arrivée de l’été, le crépuscule et les choses simples comme le fait de rider la ville. C’est la chanson la plus autobiographique de ma vie.

 

Et le titre fait référence au savon, que vous avez produit…

J’ai fait du savon pendant ma tournée pour mon merchandising ; je ne voulais pas faire de t-shirts ni de briquets pour des raisons écologiques. À partir du moment où j’ai une influence se pose la question de ma responsabilité en tant que personne qui a le pouvoir de faire fabriquer des choses et de les vendre. Je gagne déjà de l’argent avec la musique, donc je ne dépends pas du merchandising, là où d’autres artistes parfois gagnent plus d’argent en vendant des t-shirts et des pulls que des CD. Ce que je ne juge pas en fait, mais ce n’est pas mon cas. Mais la question s’est posée, car c’est important dans le rapport avec le public : je vends mes disques, mais si les gens les ont déjà, qu’est-ce que j’ai à proposer ? Et donc m’est venue l’idée du savon, parce que c’est moi qui l’ai fabriqué, parce que ce sont des produits locaux, parce que c’est utile. Un savon ne sert pas juste à être posé. Je suis allé voir Alex, la personne qui faisait les savons que j’achetais. C’est un pirate de Bruxelles. On a fabriqué des savons ensemble et j’ai adoré toute l’étape de fabrication, ça m’a même un peu mis les pieds sur terre. (Il se lance alors dans une grande explication sur la chimie du savon, ndlr)

 

En parlant de savon, vous êtes de passage à Marseille pour le festival The Echo. Vous y aviez également joué l’an passé. Est-ce que la ville vous plait ?

Il y a une espèce de tunnel inter-dimensionnel entre Marseille et Bruxelles. J’ai l’impression que c’est une ville avec une espèce de volonté de lutte anticapitaliste et ce sont deux villes très cosmopolites, pour des raisons différentes. La Méditerranée pour Marseille et l’Europe pour Bruxelles. Je suis allé plusieurs fois à Marseille, surtout pour jouer. Après, j’aime pas du tout le vent ! Mais au-delà de la blague sur le mistral, j’aime beaucoup cette ville et j’ai commencé ma tournée en effet en mars dernier à Marseille et quelque part là, on va ouvrir l’été avec cette date.

 

Propos recueillis par Mona Lobert

 

En concert le 2/06 à l’Espace Julien (39 cours Julien, 6e), dans le cadre du festival The Echo.

Rens. : theecho-festival.com

Pour en (sa)voir plus : www.instagram.com/flavien_berger