Amis des mots
Un MC, une guitare, un human beatbox et un sampler. « Du rap en vrai. » Ça s’appelle Iraka et c’est la première découverte marseillaise de l’année !
Le rap relève de la pyrotechnie. Une somme de petites choses, fragiles, qui assemblées bout à bout, dans le bon ordre, peuvent accoucher de véritables bombes incendiaires. Mais il suffit d’une fausse manipulation, du geste de trop et c’est le pétard mouillé qui finit dans le fond du caniveau. Bref, un exercice de funambule, d’autant plus périlleux après trente années d’existence intensive. Pour Philippe, MC à l’origine du projet, « la base, c’est l’écriture, faire claquer des rimes sur une musique qui tourne. » Simple comme bonjour, du moins en apparence. « J’aime les messages qui se lisent entre les lignes de chansons qui paraissent légères au premier abord. » Ainsi commence à se dessiner la formule implacable que détiennent ces quatre laborantins : « Un hip-hop issu des années 90, qui raconte tout et n’importe quoi, fortement influencé par la poésie et la chanson française des années 60. Barbara, Brel, Brassens… » Un air de blues sous codéine. Des architectures minimalistes mais millimétrées. Des boucles aiguisées, mûries sous l’écrasant soleil du midi. Le tout savamment emballé et pesé entre un IAM période Sad Hill, un Fabe premier cru et un RZA version concert acoustique. Et côté concert justement, l’année semble porteuse de beaux présages pour Iraka. Plusieurs dates à l’horizon, à l’Enthröpy, au Lounge, au Café Julien… De quoi acquérir pas à pas le statut très convoité de groupe de rap qui assure sur scène, tant au niveau instrumental que textuel. Et pas seulement : lauréat 2010/2011 de la Pépinière d’Artistes de l’Escale à Aubagne, quinze jours au sein de l’AMI à La Friche, du studio à l’Affranchi… Le fait d’enchaîner les résidences depuis la mise en ligne début 2010 du très cinématographique Ce que le présent dessine permet d’asseoir sans fausses notes le prochain album prévu pour 2012. D’ici là, le vent aura soufflé dans les plaines. Philippe, lui, reste confiant quoi qu’il arrive. Sous ses airs de force tranquille, il n’oublie sûrement pas qu’« exister c’est tout et c’est déjà tant, exister jusqu’à je sais pas quand… Exister et rester ce petit point dans l’espace-temps. » A suivre.
Texte : JSa
Photo : Madeleine Brogniez
Le 27/01 à l’Enthropy avec Dawai vs Audictive et Beegood
Le 3/02 au Lounge avec une soirée Slam animée par Ypnova
Rens. www.myspace.com/iraka20001