Irina Palm – (Belgique/Luxembourg – 1h43) de Sam Garbarski avec Marianne Faithfull, Miki Manojlovic…
Il y a plusieurs façons d’entrer dans l’univers trouble d’Irina Palm. Certains spectateurs iront voir le dernier film de Sam Garbarski pour la présence de Marianne Faithfull qui garde, malgré son âge…
La main de l’autre
Il y a plusieurs façons d’entrer dans l’univers trouble d’Irina Palm. Certains spectateurs iront voir le dernier film de Sam Garbarski pour la présence de Marianne Faithfull qui garde, malgré son âge, son statut d’égérie rock intemporelle et fragile. D’autres seront plus sensibles au sujet du film qui, fidèle à une certaine tradition réaliste « à l’anglaise », traite d’une grand-mère obligée de travailler dans un peep-show afin de payer les soins de son petit-fils à Melbourne. Enfin, l’univers souvent fantasmé de la prostitution et du commerce du sexe est généralement trop peu usité par le cinéma pour ne pas attirer l’attention d’une partie du public. Bref, Irina Palm est un film attendu ; et autant vous le dire tout de suite : notre attente n’a pas été déçue. La mise en scène est sobre et efficace, et le récit, loin de flirter avec le pathos que l’on croyait inhérent à ce type de sujet, se teinte d’un optimisme communicatif. On s’attendait à une descente aux enfers, et c’est plutôt une libération à laquelle on assiste, une sorte de renaissance portée par une Marianne Faithfull à la fois naturelle et lumineuse. On retiendra les quelques moments comiques, souvent liés à la démystification des métiers du sexe où comme ailleurs, on a des collègues de travail, on décore son « bureau », on se doit d’être productive ( !?!) et où l’accident du travail prend la forme d’une tendinite. On oubliera pas non plus ces instants de grâce pendant lesquels des hommes cherchent à tâtons leur bonheur et surtout cette main libératrice ; collés au mur, ils s’accrochent, se tordent, grimacent et crient du plaisir que leur procurent les mains expertes d’Irina : jamais la masturbation n’avait été montrée avec autant de justesse et de beauté. On croit souvent qu’il existe des endroits comme cela dans les villes, si glauques qu’on s’y sent presque toujours seul(e). Irina Palm a le mérite de nous montrer le contraire, ce que l’on perçoit comme une chute peut-être vécue comme une ascension, et des ténèbres peut surgir la lumière.
nas/im