Iron man – (USA – 2h14) de Jon Favreau avec Robert Downey Jr., Jeff Bridges…
Une santé de fer
Il fallait s’y attendre : depuis que la saga Spider-man a réconcilié les fans purs et durs des comics, les fameux geeks, avec les salles obscures, Hollywood met un point d’honneur à adapter tous les super-héros de la planète en général — et ils sont nombreux, les bougres — et de la franchise Marvel en particulier. Dans la foulée du nullissime Ghost rider, avec un Nicolas Cage aux perruques aussi ridicules que les films qu’il enfile désormais sans état d’âme, et à quelques encablures du nouveau Hulk, campé par un Edward Norton vert de peur, voici venir Iron man et sa carcasse métallique — enfin, de titane et d’or, pour être précis. Quelque part entre un Robocop plus fun, qui interroge la promiscuité homme/machine, et un Transformers moins décérébré et vain, Iron man est une bonne surprise, remplissant son cahier des charges comme une valse à trois temps : entre exploration de la genèse, radiographie de la vie privée du chevalier sans l’armure et parcimonieuses bastons numériques. Mais le principal atout de cet Iron man ludique et sympathique reste le grand Robert Downey Jr. D’une évidence et d’une classe folles, l’ancien mauvais garçon d’Hollywood — abonné un temps aux tabloïds US pour abus d’alcool, de drogues et de partenaires rémunérées — crève littéralement l’écran dans le rôle de Tony Stark, sorte de col blanc bling-bling sur le point de se racheter une conscience via son armure de chevalier pas très blanc (comme neige). Mix d’Howard Hugues (le visionnaire misanthrope) et Richard Branson (l’aventurier milliardaire), Downey Jr. distille un charme canaille qui n’est pas sans nous rappeler, grands yeux noirs et barbichette à l’appui, Errol Flynn ou Tyrone Power, soit une certaine idée du glamour — saluons au passage le réalisateur Jon Favreau qui s’est battu contre vents, marées et scientologie pour imposer Downey Jr. en lieu et place de Tom Cruise. Ultime pied de nez d’un film qui ne se prend définitivement pas au sérieux, la scène finale, où Tony Stark fait son coming out en révélant contre toute logique son identité à la presse, faisant ainsi la nique à tous ses copains justiciers empêtrés dans leur schizophrénie. Stark/Iron man est bel et bien décidé à n’en fer qu’à sa tête. Vivement le second volet — forcément électrique.
Henri Seard