Un livre à consommer sans modération, un vin pour l’accompagner

 

Ascendant Thoreau

 

Un besoin soudain comme une trombe d’eau automnale de prendre la tangente du flot quotidien qui murmure inlassablement « Le temps, c’est de l’argent » ?

Il est grand temps d’ouvrir la monographie sur le philosophe et poète américain Henry D. Thoreau, écrite par Michel Granger.

 

Traversant un moment de solitude au milieu de ses congénères, pionniers acharnés de la conquête du bonheur, Thoreau décide de s’isoler. Avec la conviction de prouver qu’un quotidien fondé sur autre chose que le tandem argent/travail est viable.

 

« Cette mer clapoteuse de la vie civilisée »

N’ayant pas de cru des rives du lac Walden, nous vous conseillons, afin de naviguer au sec dans votre lecture, d’essayer un vin blanc, Les Terrasses d’Hortense.

Ce vin est fait au sein d’un domaine dont l’infrastructure est pensée autour de l’agriculture biologique, de l’architecture moderne fondue dans le paysage à la station d’épuration privée qui restitue à la nature une eau parfaitement propre. En somme, un vin correspondant parfaitement à notre irréductible autodidacte écolo — qui n’en avait pas encore l’appellation.

 

Le terreau de Thoreau

Surnommé Mr Walden, nom du lac au bord duquel il construit son habitation, Thoreau vit en marge de son village et place au centre de son quotidien les liens avec la nature et leurs bienfaits pour l’homme.

Fustigeant l’invasion de la consommation, la valeur travail comme sacerdoce et un certain ordre établi, cet individualiste prône, avant l’heure, le choix de la décroissance. Le détachement matériel et la pauvreté sont appréciés comme outils de liberté.

Thoreau encourage à agir. Penser devient un terreau pour engendrer des actes dont chacun est individuellement responsable.

Il pousse cette détermination jusque dans son style. Son écriture, comme sa vie, déroute. Pensée mouvante qui se fout pas mal de guider son lecteur ; au contraire, elle le perd avec malice dans un jeu de digressions.

Thoreau tient son exigence de proposer à chacun de réfléchir par lui-même, quitte à se sentir perdu.

 

Séparer l’ivraie du bon grain

S’éloigner de la marche du monde sans pour autant le quitter. Penser et agir pour dépasser la course à la sécurité matérielle comme ligne d’arrivée.

En écho à l’une des citations les plus célèbres dans Walden ou la Vie dans les bois, « Plutôt que l’amour, l’argent ou la gloire, donnez-moi la vérité », essayez-vous à cette inaccessible requête. En trouvant un savant équilibre entre exil physique et cérébral : entre deux pages, une gorgée. Après tout, « In vino veritas ».

 

Nadja Grenier

Dans les bacs : Michel Granger – Henry D Thoreau (éd. Le Mot et le Reste)

Vin blanc Les Terrasses d’Hortense, à déguster chez BiBoViNo (19 rue de la République, 2^e).
Rens. : 04 91 31 08 11 / www.bibovino.fr

 

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