J’ai toujours rêvé d’être un gangster - (France – 1h48) de Samuel Benchetrit avec Anna Mouglalis, Edouard Baer, Jean Rochefort…

J’ai toujours rêvé d’être un gangster – (France – 1h48) de Samuel Benchetrit avec Anna Mouglalis, Edouard Baer, Jean Rochefort…

Trompettes de la renommée…

cine-J-ai-toujours-reve-d-e.jpgLe problème avec les bandes-annonces, c’est qu’elles en disent trop, ou trop peu. Pour J’ai toujours rêvé d’être un gangster, les annonceurs ont joué le jeu de la séduction : un noir & blanc très esthétisant, une compilation de scènes comico-absurdes, une musique irrésistible, et une voix-off commentant le tout avec le recul nécessaire pour emporter notre adhésion. En deux minutes, l’efficacité est garantie, le rire assuré et l’envie de voir le film, certaine. Malgré cet appétissant hors-d’œuvre, le plat servi par Samuel Benchetrit s’avère quelque peu indigeste. Pourtant, on retrouve dans le film tout ce qui nous a plu dans la bande-annonce. Mais même en cherchant bien, on n’y trouve rien de plus. Les personnages défilent — du braqueur sans arme à la jolie serveuse, des kidnappeurs amateurs à l’adolescente suicidaire, des chanteurs fatigués aux septuagénaires qui se retrouvent pour un dernier hold-up —, la musique s’égraine, les plans se succèdent, mais le récit ne prend pas. Spectateurs impuissants de ce défilé d’images et de personnages, nous attendons, déçus, qu’une histoire nous soit contée. La caméra tourne à vide et les tranches de vie de ces pitoyables gangsters tournent bien vite au sketch, au clip, bref à une parodie de cinéma drôle et branché. On sent pourtant chez Benchetrit l’envie de bien faire, c’est-à-dire de nous faire rire, mais l’ambition reste ici un vœu pieux. Les références au cinéma muet, au burlesque, et plus près de nous aux premiers films de Jarmusch agissent seulement comme de vaines citations, comme ce que fait un élève empêtré convoquant un auteur ou une œuvre qui lui évitera le ridicule lors d’une interrogation. Trop de plans inutiles, trop de musique, trop de longueurs : on a vraiment du mal à sauver quelque chose de ce puzzle cinématographique au casting alléchant. C’est certain : la prochaine fois que j’irai au cinéma, je ne regarderai plus les bandes-annonces des films à venir.

nas/im