Jazz sur la Ville du 1er au 15 à Marseille

Jazz sur la Ville du 1er au 15 à Marseille

Swingin’ Marseille

Pour sa cinquième édition, l’incontournable festival Jazz sur la Ville mobilise, cette année encore, de nombreux partenaires. Ainsi, en marge des programmations jazz orthodoxes, conformes aux habitudes des salles impliquées (Cri du Port, Roll’Studio et Cité de la Musique), on trouvera non seulement des formations exceptionnelles (avec Raphaël Imbert & l’Enzo Carniel Trio, et avec Leloil, Arias et consorts), mais surtout des concerts aux accents folk, rock, soul ou encore électro, dans les scènes de musiques actuelles les plus fréquentées.

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Paroles de Cats

Tour d’horizon de quelques coups d’éclats à prévoir dans cette première quinzaine d’octobre (et après), d’après les propos de deux jazzmen (ou Cats) en vue sur la place de Marseille : le pianiste Nicolas Arias et le trompettiste qui monte qui monte… Christophe Le Loil.

Si, par l’entremise de ces opérateurs historiques que sont Le Cri du Port et la Cité de la Musique, le festival Jazz sur la Ville impulse plus que jamais une dynamique collective au swing dans la cité phocéenne, c’est à l’opiniâtreté des musiciens que l’on doit payer tribut. Ainsi, Nicolas Arias, infatigable instigateur des soirées bœuf au Planet Mundo Kfé (sur le Cours Ju’), est persuadé de leur impact sur un public de plus en plus élargi. Sous le nom de This Quartet, il propose chaque mercredi soir cette jam session « sérieuse et non élitiste », orchestrée à la manière d’un « cercle vertueux » à même de créer des conditions propices « à faire décoller le bœuf » : ré-harmonisation des standards, thèmes de travail pour les sidemen (« le printemps », « Herbie Hancock », « Ahmad Jamal »…), invitations d’artistes locaux prestigieux (Olivier Témime, le multi-instrumentiste Vincent Strazzieri) ou de passage (le saxo d’Alicia Keys, en personne)… Nicolas Arias est, du reste, persuadé que Marseille est une ville « plus jazz que jamais ». Gageons que la cave du Planet Mundo sera un « hot spot » de cette quinzaine bleue… C’est d’ailleurs là que Christophe Leloil a rencontré le contrebassiste Eric Surménian, qu’il a embauché pour son projet Line 4 (en concert le 6 à la Cité de la Musique), aux côtés d’un sorcier des rythmiques hallucinatoires, le batteur belge André Charlier. Dans son évocation des univers urbains, le Line 4 convoquera également la sublime Carine Bonnefoy, extraordinaire pianiste de la suite E.C.H.O.E.S — sextet ravivant l’histoire du jazz (avec Raphaël Imbert, Cédric Bec, Thomas Savy et Simon Tailleu, excusez du peu). Dans la foulée d’une tournée arménienne de ce dernier, Leloil se retrouvait embringué dans le Grand T’Ork (dirigé par Philippe Renaud — le 12 à l’Espace Julien), sorte de big band jazz arménien aux visées métisses. Cet engagement artistique sur tous les fronts du swing n’empêche pas à l’énergumène d’être sensible aux luttes sociales dans la cité et de reconnaître que les acteurs culturels sont loin d’en être des moteurs : « On est toujours [dans le jazz] entre gens de bonne compagnie », souligne-t-il. Progressiste, il l’est d’abord dans le swing, renouvelant son « Buk Project » à l’Alcazar (le 14 octobre), autour de la mémoire de l’écrivain destroy Bukowski, ou se délectant du jazz funk boogaloo au sein du Boogie Hospital 6tet (samedi 9 au Planet Mundo Kfé), avec Nicolas Arias à l’orgue Hammond B3 et l’incontournable Cédric Bec à la batterie. Est-ce que tout cela ne sent pas un peu la dispersion, monsieur Leloil ? L’intéressé se dit persuadé que, grâce à une carrière d’enseignant en jazz en voie de confirmation, il sera à même de « pérenniser les choses. » A la bonne heure, mais de toute façon, n’est-ce pas le propre du jazzman que d’être un tel affamé de swing — et donc d’aimer ne plus savoir sur quel pied danser ?

Laurent Dussutour

[Spéciale dédicace à la mémoire du batteur Robert Ménillo, swinging papy suprême (RIP)]

Jazz sur la Ville du 1er au 15 à Marseille. Rens. 04 91 39 28 47 / www.myspace.com/jazzsurlaville

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Kyrie Kristmanson > le 2 au Poste à Galène
Quand un disque d’un petit label français aux idées larges (No Format, responsable du Solo piano de Gonzales) arrive sur les platines de la rédaction, on y prête une attention toute particulière. Celui de cette jeune Canadienne fut, il y a quelques mois, un choc : on y découvrait une voix, autant dire un diamant brut, un instrument à part entière qui l’affiliait directement à certaines chanteuses de jazz des années 60. Egalement guitariste et trompettiste, Kyrie Kristmanson est depuis devenue l’une des révélations du festival Les Femmes s’en Mêlent.
PLX

Fantazio + Jean Louis > le 5 à l’Embobineuse
Contrebassiste/slammeur virtuose dans ses deux domaines d’expression, Fantasio est déjà célèbre pour son dernier album, riche de circonvolutions tortueuses, d’histoires et de gimmicks étranges. Le trio Jean Louis, combo fusion proche de John Zorn et doté d’une très grande énergie, est beaucoup moins célèbre, mais fut l’un des temps forts de l’an dernier à l’Embobineuse. Très logiquement, l’Embob’ l’inclut sur sa compilation historique (voir p. 6) et le reprogramme fissa. Une soirée jazz freaky et tendue en perspective.
JS

Taylor Mc Ferrin > le 10 à la Mesòn
Avec un père capable de faire le grand écart entre negro spiritual, funk et classique uniquement avec sa voix depuis près de trente ans (Bobby McFerrin), on se dirait spontanément que ça n’a dû être facile pour lui de se faire un prénom en tant que musicien. Or, bien qu’il utilise également sa voix pour unique instrument de base, Taylor y parvient sans mal. Le hip-hop de ce producteur/chanteur et beatboxer exceptionnel a choisi son camp : le broken beat. Et sa famille ? Le jazz, bien sûr.
JS

Aloe Blacc > le 11 au Cabaret Aléatoire
Celui qui n’était jusque-là qu’un honnête rappeur — qui se souvient de son premier album solo Shine Throught en 2006 ? — fait aujourd’hui figure de messie d’une soul music se voulant populaire et dansante. Sur la seule foi d’un morceau en très haute rotation sur toutes les radios, Aloe Blacc devrait remplir un Cabaret qui accueillera pour l’occasion un public plus « large » que d’ordinaire et d’ores et déjà acquis à sa cause. Simple effet de mode ou naissance d’une étoile ? Réponse lundi soir.
nas/im