Jean de Florette et Manon, jusqu’au 5/10 au Domaine de Pichauris
Histoire d’eau
Après une trilogie Marius and co délicieusement irrévérencieuse sur le Vieux Port il y a deux ans, les fringants Flamands de la compagnie Marius s’en reviennent pour une adaptation grandeur nature du conte cruel de Pagnol, L’eau des collines.
Le récit sent bon le ruralisme « ras du sol » et un brin réac’ de Pagnol : entre le port phocéen et les mines de Gardanne, légèrement évoquées, l’action reste confinée au terroir des collines en manque d’eau. La troupe belge ridiculise cet esprit étriqué des Provençaü : l’accent des acteurs (ah ! ce passage du « desthain » au « destingue » par Kon Van Impe dans le rôle du Papet…) et leur gaieté communicative donnent à l’ensemble un aspect universel. L’authentique vénéré par ce pauvre Ugolin (formidable Kris Van Trier) est arraché à la condescendance pagnolesque pour le peuple paysan : il devient propice à un véritable drame antique. Le paysage renforce cet archaïsme : les barres rocheuses du massif du Garlaban, la forêt et la garrigue forment un décor vivant dans lequel comédiens et public se fondent avec délectation (comme la cuisse de lapin, fondante elle aussi), grâce à une mise en scène réduite à sa plus simple expression. Les quelques accessoires présents finissent par donner au spectacle un côté « Hergé » décalé. Au final, un doux délire satirique par ces Belges qui nous volent nostre patrimoine ; et c’est tant mieux !
Texte : Laurent Dussutour
Photo : Serveur-TSE
Jean de Florette et Manon : jusqu’au 5/10 au Domaine de Pichauris.
Rens. Théâtre du Merlan : 04 91 11 19 20