Jessica Warboys – Poldhu au Buy-Sellf Art Club
Dieu est économe…
Cette année, la programmation des RIAM donne dans le Low-Tech (voir Ventilo n°256). Une extrême sobriété que l’on retrouve dans l’exposition de Jessica Warboys chez Buy-Sellf, rassemblant différentes pièces qui nous ouvrent les portes de l’univers très personnel de l’artiste.
« Dieu est économe, quand deux sous de bon sens suffisent, il ne va pas faire la dépense d’un miracle. » Ainsi parle Jeanne d’Arc dans L’alouette d’Anouilh, pièce dans laquelle se rejoue son procès pour hérésie. Ce livre, Jessica Warboys le découvre presque en même temps qu’une mallette de petits papiers pas encore imprimés et destinés à devenir de faux billets de banque. La simultanéité de ces deux découvertes souffle à l’artiste le récit d’une autre issue pour la pucelle de Domrémy. Le livre donnera son titre à la sculpture The Lark, issue de la performance donnée par l’artiste le soir du vernissage.
Les œuvres de Jessica Warboys naissent d’une histoire qu’elle se raconte. Visuellement, elle ne donne que peu de détails pour nous guider vers la compréhension de l’œuvre, nous laissant en retrait comme pour ne pas nous submerger d’informations qui viendraient perturber notre perception. Il nous faut alors chercher du côté des titres, qui apportent souvent un début de piste. Ainsi de Fallen Upon (Tomber dessus), dont le titre fait sens plus que la pièce, une petite sculpture de verre.
Avec les mots, l’œuvre sibylline, ouverte à toutes nos interprétations, s’engouffre dans une voie narrative. On accède aux représentations mentales de l’artiste qui travaille par association d’idées, d’images et de symboles. L’élan romantique dans lequel Jessica fomente ses pièces est absorbé par une épure des moyens et de ce qu’elle donne à voir. Sculptures, performances et films sont truffés de références et résultent d’un processus. Dans Poldhu, ce sont les caprices de la nature et du hasard qui décident de la forme du dessin sur la toile. La nature, la lumière, le hasard et les femmes au destin romanesque reviennent régulièrement dans son travail. Ainsi de Beatrice Harrison, dont l’histoire est implicitement à l’origine du 33 tours qui tourne en boucle dans la galerie. Ce disque, qui fait écho au cercle de la tenture, révèlera lui aussi le secret de son origine…
Céline Ghisleri
Jessica Warboys – Poldhu : jusqu’au 20/03 au Buy-Sellf Art Club (101 rue Consolat, 1er).
Rens. 04 91 50 81 22 / www.buy-sellf.com