Johann Sebastian Bach – Sonatas for flute & harpsichord (Paraty/Harmonia Mundi, 2016)
Harmonia mundi distribue, sous le label Paraty, un nouvel opus des sonates pour flûte traversière et clavecin de Jean-Sébastien Bach. Les deux jeunes artistes (Stéphanie Troffaes, traverso et Julien Wolfs, clavecin) issus de la fertile pépinière baroque de Bruges ont réuni les quatre sonates dont l’authenticité ne fait aucun doute (sont donc exclues BWV 1020, 1031, et 1033 proposées dans d’autres anthologies).
Du plein accord de leur interprétation se dégage l’embellie des mélodies sur la basse continue (BWV 1034 et 1035) et se noue le dialogue concertant avec le clavecin obligé (BWV 1030 et 1032). Sans effet spectaculaire, la force de cette unité de conception assure à l’ensemble de la proposition une belle cohésion. Le jeu souple, au phrasé expressif et à l’articulation légère, de la flûtiste belge se nourrit de ce « miraculeux rationalisme » qui caractérise l’art cantabile du Cantor de Leipzig.
La partita en mi mineur pour clavecin solo vient compléter le florilège de sonates pour flûte. La partition porte une ambition plus vaste que le recueil à usage domestique et pédagogique dans lequel elle est insérée (BWV 825-830, Leipzig, 1731). Julien Wolfs développe l’ample visée de la toccata qui l’introduit en style fugué avec une clarté polyphonique remarquable. Son jeu se fait plus galant et orné pour les danses qui font suite et, surprise, d’une délicatesse bienvenue dans l’interprétation de la gigue finale trop souvent exposée à une virtuosité artificielle. Une démonstration de l’excellent renouvellement des générations en musique baroque.
Roland Yvanez