Jorge Gonzalez – Bandonéon (Dupuis)
Dans le domaine du neuvième art, ce qui provient d’Amérique du Sud s’avère généralement d’une excellente qualité. Ce Bandonéon de Jorge Gonzalez ne viendra pas infirmer la règle. Bien au contraire. 200 pages de pur bonheur qui filent à la vitesse d’un air de tango. Le graphisme brut et vaporeux, usant de croquis, de surdimensionnements (un peu à la manière du Bibendum Céleste de De Crécy), le tout dans des teintes sépia, s’immisce dans un récit profond et tragique. La multiplication des époques et des personnages et cette façon d’entremêler des histoires de vie, de mort, d’immigrations, d’espoirs déçus donnent au lecteur la sensation de partager une parcelle de cette Argentine lointaine et fantasmée qu’il ne connaîtra jamais. A la fois ingénieuse, fluide, superbement inventive, cette BD audacieuse se hisse d’un coup d’un seul dans la cour des grands.
LV