Le Jour du grand jour par le Théâtre Dromesko
Nuit de noces
Mariages, défilés, cortèges funèbres, baptêmes… C’est Le Jour du grand jour, impromptu nuptial et turlututu funèbre, du Théâtre Dromesko. Un jour à la fois festif et sinistre, où chacun va devoir se mettre à nu.
Le sous-titre prête à rire, se rapprochant même du grotesque. Le spectacle, lui, semble découpé dans un tulle aérien, à l’image de la traîne de la mariée. La compagnie Dromesko reste proche de ce qui fait son identité : un langage par l’absurde et une poésie des images. La danse, la musique, le théâtre, tout se retrouve et se complète sur scène. « Les mots n’ont pas plus d’importance que le mouvement de jambe d’un danseur, explique Igor Dromesko. C’est comme dans la journée : on ne fait pas que parler, on bouge aussi. » C’est ce qu’a voulu nous montrer ce Jour entre tous. Celui où un voile s’est soulevé, brièvement, pour offrir à des spectateurs la vie intime de ces personnages, à un moment, à un endroit. Mais comment exposer les sentiments en associant rires et larmes de façon juste ? Au théâtre, comme dans la vie, « il faut des costumes, des mises en condition… Il faut accepter de se donner en pâture. » On touche là à l’origine du théâtre : « Faire du domaine de l’intime une chose publique. » Une transformation par des « bouts de ficelle », pour toucher l’infiniment vrai. Le choix de l’espace, comme celui de l’emplacement du public, prend alors tout son sens. Pour être dans ce vrai, il fallait faire tomber les barrières avec les spectateurs. La scène a pris la forme d’un couloir que les comédiens sillonnent, comme s’ils traversaient le public. Avec une nouvelle idée : « Il y est impossible d’avoir du décor, de se cacher. » Les comédiens sont donc « dans l’arène », mais pas dans le réel pour autant. « Notre langage, comme notre mise en scène, est dans l’onirique. » Pas d’intrigue, pas de fil rouge, mais « des petits points qu’on pose pour le spectateur, en essayant d’être le plus discret possible… » Sans jamais offrir d’explication, Le Jour du grand jour réconcilie et rapproche autour de l’idée du temps, du rêve… C’est la vie, tout entière, dans un théâtre.
Léa Soula
Le Jour du grand jour par le Théâtre Dromesko : du 14 au 18/06 sur la place des Aires (Martigues).
Rens : www.les-salins.net